Les états financiers ne permettent pas la lecture directe du profit économique.
Par Xavier Paper, associé, Paper Audit & Conseil
Une entreprise peut dégager des profits significatifs et, pourtant, détruire de la valeur. Comment expliquer cette situation apparemment paradoxale ?
1. Création de valeur
Les fonds alloués à une entreprise pour financer son actif économique (immobilisations et actifs d’exploitation) ont un coût. Ce qui semble une évidence pour les dettes financières, qui nécessitent le paiement d’une charge d’intérêt en sus du remboursement du capital, l’est beaucoup moins pour les fonds propres dont le coût apparent est souvent faible, voire nul, en l’absence de versement de dividendes. Les fonds propres d’une entreprise supportent en effet un coût, non directement observable1, dénommé coût des fonds propres, qui correspond au coût d’opportunité d’un placement alternatif de même niveau de risque que celui attaché à l’entreprise en objet dont la mesure est équivalente au rendement total (dividendes et plus-values) des titres en capital du secteur et/ou du marché. Le coût global des ressources finançant l’actif économique de l’entreprise (AE), égal à la moyenne pondérée du coût des fonds propres et de l’endettement net, est dénommé coût du capital. Coût du capital et coût des fonds propres dépendent directement du niveau de risque de l’actif économique.
Ces éléments posés, il y a création de valeur pour l’entreprise lorsqu’apparaît une rente économique qui a pour origine une rentabilité des capitaux employés (ROCE ou return on capital employed ou résultat d’exploitation net d’impôt/capitaux propres + endettement net) supérieure au coût du capital. Cette rente économique est à l’origine de la valeur de marché, égale à la somme de la valeur comptable de l’actif...