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Propriété intelectuelle

Quelle qualification pour les créations salariées ?

Publié le 16 mai 2014 à 16h00

Lucie Corvisier et Alexis Vichnievsky

Deux récentes décisions rendues par la Cour de cassation le 19 décembre 2013 et par la cour d’appel de Paris le 22 mars 2013 abordent la délicate question de la qualification des créations salariées.(1) Les deux litiges opposaient des employeurs à leurs anciens salariés, exerçant dans l’affaire Van Cleef les fonctions de dessinateur de bijoux, et dans l’affaire Lalique les fonctions de directeur artistique. A la suite de leurs licenciements, les anciens salariés revendiquaient un droit d’auteur sur des créations réalisées en exécution de leur contrat de travail.

Par Lucie Corvisier, avocat et  Alexis Vichnievsky, avocat, CMS Bureau Francis Lefebvre.

Les sociétés Van Cleef et Lalique fondaient toutes deux leur défense sur l’article L. 113-5 alinéa 1er du code de la propriété intellectuelle selon lequel l’œuvre collective est la propriété de la personne qui l’exploite sous son nom, laquelle se trouve investie des droits de l’auteur. L’œuvre collective est définie à l’article L. 113-2 alinéa 3 du code de la propriété intellectuelle comme «l'œuvre créée sur l'initiative d'une personne physique ou morale qui l'édite, la publie et la divulgue sous sa direction et son nom et dans laquelle la contribution personnelle des divers auteurs participant à son élaboration se fond dans l'ensemble en vue duquel elle est conçue, sans qu'il soit possible d'attribuer à chacun d'eux un droit distinct sur l'ensemble réalisé». Dans les deux affaires, la qualification d’œuvre collective a été retenue par les juridictions saisies.

Dans l’affaire Van Cleef, la Cour de cassation a affirmé que la conception de bijoux «procédait d'un travail collectif associant de nombreuses personnes, que les sociétés avaient le pouvoir d'initiative sur la création et en contrôlaient le processus jusqu'au produit finalisé en fournissant à l'équipe des directives et des instructions esthétiques afin d'harmoniser les différentes contributions et que celles-ci se fondaient dans l'ensemble en vue duquel elles étaient conçues, sans qu'il soit possible d'attribuer à chaque intervenant un droit distinct sur les modèles réalisés». Dans l’affaire Lalique, la Cour a...

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