En matière d’évaluation, quelles sont les pratiques des investisseurs ? Cette question paraît primordiale mais est actuellement peu étudiée, alors même que de nombreux experts et académiciens discutent âprement d’éléments tels que le taux sans risque, la valeur terminale, les multiples, etc. Un sondage récent permet d’apporter des éléments de réponse.
Par Thomas Hachette, associé, Sorgem Evaluation
Les documents académiques traitant de l’évaluation d’entreprise sont très nombreux, tout comme les articles et recommandations rédigées par des professionnels de l’évaluation d’entreprise. L’analyse de la pratique d’évaluation des professionnels de l’investissement est en revanche beaucoup plus rare.
Pourtant, la connaissance de cette pratique d’évaluation apparaît à de nombreux titres tout à fait capitale : les définitions de la «juste valeur»/«fair value», prix équitable et autres qui prévalent dans de nombreux contextes (attestation d’équité, contrôle fiscal, comptabilité d’entreprise, OCDE, etc.) renvoient toutes à la notion d’un prix qui serait reçu pour la vente lors d’une transaction «normale» (orderly transaction) entre des participants de marché. Cette notion de valeur à rechercher existe depuis longtemps, puisque comme rappelé dans une lettre Vernimmen récente1, le cardinal Cajean, l’une des voix les plus écoutées au XVIe siècle, indiquait déjà qu’il fallait entendre par la notion de juste prix le «prix qui, à un moment donné, peut être obtenu des acheteurs, à la condition d’une information partagée et d’une absence de fraude et de coercition».
Sorgem Evaluation a réalisé en 2018-2019 un sondage détaillé auprès de professionnels français travaillant dans des fonds d’investissement afin d’y voir plus clair sur leur pratique d’évaluation : 37 questions ont été posées à près de trente fonds investissant en France, essentiellement en capital transmission et capital développement et ayant une durée d’investissement longue (supérieure à quatre ans pour l’ensemble des participants).