Les comptables, qui font application de la norme IAS 36 (Dépréciation d’actifs), et les financiers sont-ils censés utiliser le même taux d’actualisation lorsqu’ils mettent en œuvre la méthode de l’actualisation des flux de trésorerie disponible (la «méthode DCF») ?
Par Xavier Paper, associé, Paper Audit & Conseil
Lorsque les comptables d’un groupe mettent en œuvre les dispositions de la norme IAS 36 et testent la valeur de ses actifs et de ses unités génératrices de trésorerie (les «UGT»), ils sont amenés à déterminer leur valeur d’utilité sur la base de la méthode DCF. Afin de mettre en évidence les flux de trésorerie actualisés les plus élevés et de limiter, ainsi, le montant d’éventuelles dépréciations, les comptables de ce groupe peuvent être tentés de justifier l’utilisation de taux d’actualisation assez faibles. A l’inverse, les investisseurs intéressés par ce groupe peuvent être tentés d’utiliser des taux d’actualisation plus élevés afin de justifier un coût d’acquisition plus faible. Les développements suivants ont pour objet, sans entrer dans le détail du calcul du taux d’actualisation, de préciser les raisons pour lesquelles les deux approches, comptable et financière, devraient normalement converger.
1. Les principales dispositions de la norme IAS 36 relatives au taux d’actualisation
La norme IAS 36 définit, notamment aux § 55 et 56, le taux d’actualisation qu’il convient d’utiliser dans le cadre de la méthode DCF comme suit :
«§ 55 - Le(s) taux d’actualisation est (sont) un (des) taux avant impôt qui reflète(nt) l’appréciation courante du marché de :
a) la valeur temps de l’argent ; et
b) les risques spécifiques à l’actif pour lequel les estimations de flux de trésorerie futurs n’ont pas été ajustées.
§ 56 - Un taux qui reflète les appréciations actuelles du marché de la valeur temps de l’argent et les risques spécifiques à l’actif est le taux de rendement que des investisseurs demanderaient s’ils avaient à choisir un placement qui générerait des flux de trésorerie dont le montant, l’échéancier et le profil de risques seraient équivalents à ceux que l’entité s’attend à obtenir de l’actif. […]»
Le concept de taux d’actualisation, développé au § 56 de la norme IAS 36, renvoie de manière explicite à la notion de coût du capital, telle qu’elle ressort de la théorie financière (cf. infra).
Dans le prolongement des définitions susvisées, l’appendice A de la norme IAS 36 apporte, notamment aux § 16 et 17, les précisions suivantes :
«A16 - Lorsqu’une entité ne peut obtenir directement du marché un taux spécifique à un actif, elle utilise des substituts pour estimer le taux d’actualisation. L’objectif est d’estimer, dans la mesure du possible, une appréciation par le marché :