Après une augmentation de capital record, Abivax est de loin la première biotech française. Mais, fondée par un entrepreneur à la fibre européenne, elle n’a finalement pas pu se développer en Europe faute de financements suffisants, aussi bien de la part des fonds que des grandes entreprises pharmaceutiques. Elle a réussi en revanche à lever 1,2 milliard d'euros aux Etats-Unis.
C’est la plus grande réussite de la biotech française, mais elle est en fait… franco-américaine. Créée en décembre 2013 par Philippe Pouletty, un médecin cofondateur et directeur général d'un fonds français de Venture Capital , Truffle Capital, Abivax vient de réaliser la levée de fonds la plus importante de toute l’histoire de la biotech française et européenne.
Avec une augmentation de capital de 750 millions de dollars (637 millions d’euros), « Abivax se situe dans le top 10 des opérations financières de la biotech mondiale », assure Kinam Hong, partner en charge de la stratégie « crossover » chez Sofinnova, fonds d’origine française devenu le premier actionnaire européen de l’entreprise.
Si Philippe Pouletty, qui a quitté en août 2022 la présidence d’Abivax, met toujours en avant la réussite française de la biotech qu’il a créée et financé au démarrage grâce à Truffle, les sommes levées fin juillet 2025 – à la suite de l’annonce d’essais cliniques concluants, concernant un futur médicament traitant la rectocolite hémorragique – viennent pourtant des Etats-Unis.
Pourquoi a-t-il fallu faire appel ainsi à des financements outre-Atlantique ? Telle n’était pas l’intention initiale de Philippe Pouletty. Quand il crée Abivax en 2013, il pense à une aventure française, ou tout au moins européenne. Cette biotech naît alors de la fusion de trois sociétés françaises rachetées par Truffle, aux expertises complémentaires dans le domaine des vaccins et du traitement des infections virales, notamment du sida.