(AOF) - Les investisseurs ont très froidement accueilli la présentation du plan stratégique à horizon 2026 de Société Générale (-12,05% à 23,28 euros), dont l’action a terminé à la dernière place de l’indice CAC 40. Le Directeur général Slawomir Krupa, qui entend faire de Société Générale une banque « européenne de premier plan, robuste et durable », cible notamment une rentabilité des fonds propres tangibles (ROTE) comprise entre 9 % et 10 % en 2026 contre 8,9% l'année dernière. Cette prévision est une déception sachant que Société Générale visait auparavant 10% en 2025 et que le consensus 2026 s’élève à 10,2%.
KBW note également que cette prévision de rentabilité est inférieure à l'objectif de 12% de ses pairs.
La stratégie présentée ce matin repose sur une simplification du portefeuille d'activités, une meilleure allocation du capital et une amélioration de l'efficacité opérationnelle.
Pour améliorer sa rentabilité, Société Générale compte principalement sur une amélioration de son efficacité. La croissance annuelle des revenus n'est en effet attendue qu'entre 0 % et 2 % en moyenne sur 2022-2026, en comparaison avec un consensus de 2,7%. Jefferies note cependant qu'il n'est pas clair si cette prévision intègre ou non des modifications du périmètre.
Le groupe table sur un coefficient d'exploitation inférieur à 60% en 2026 avec une amélioration progressive à partir de 2024. Il s'élevait à 66,3% en 2022. Ce recul sera notamment permis par 1,7 milliard de réduction des coûts sur la durée du plan.
Ces économies seront effectuées à travers la mise en oeuvre des plans déjà annoncés, notamment la fusion des réseaux France et les synergies de coûts liées à l'intégration de LeasePlan, ainsi que l'amélioration de l'efficience IT, pour 0,6 milliard, et la simplification de l'organisation.
Un portefeuille d'activités simplifié
La simplification du portefeuille d'activités sera réalisée sur la base des critères suivants : cohérence avec l'exigence ESG du groupe, contribution à la rentabilité du groupe, synergies significatives au sein du groupe, exposition limitée aux risques extrêmes et positions de premier plan sur des marchés attractifs.
Aucune information n'a été communiquée sur la cession d'actifs jugés non stratégiques, autre élément de déception aux yeux des analystes. Des rumeurs de presse sur la cession de sa filiale de conservation de titres et de ses activités en Afrique avaient circulé en amont de la présentation de ce plan.
Le coût du risque est, lui, anticipé entre 25 et 30 points de base des encours de crédits, à comparer avec un consensus de 30.
Boursorama vise au moins 8 millions de clients en 2026 et un bénéfice de plus de 300 millions d'euros à cet horizon. La banque en ligne " va continuer à accélérer l'acquisition de nouveaux clients ". Boursorama devrait cependant enregistrer des pertes de 2023 à 2025 : - 150 millions d'euros de résultat brut d'exploitation. Celles-ci inquiètent KBW tandis que Jefferies note que l'objectif de génération de profits par Boursorama a encore été repoussé.
S'agissant de la Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs, Société Générale cible un coefficient d'exploitation inférieur à 65 % en 2026, sur la base d'une croissance annuelle des revenus comprise entre 1 % et 2 % en moyenne sur les activités de Financement et Conseil (entre 2022 et 2026) et une fourchette de revenus comprise entre 4,9 et 5,5 milliards d'euros sur les Activités de marché.
Jefferies se dit déçu par le relèvement de l'absence de croissance des revenus, l'augmentation de l'objectif de ratio de fonds propres durs, mais aussi par l'absence de détails.
L'entreprise vise une croissance organique des encours pondérés par les risques du groupe (RWA) limitée à moins de 1 % par an en moyenne entre 2024 et 2026, avec une allocation de capital plus stricte, Boursorama et ALD étant les seuls bénéficiaires d'un supplément de capital organique.
Pour le groupe bancaire, l'objectif est de porter les fonds propres à un niveau cible de ratio de fonds propres durs (CET 1) de 13 % en 2026 sous Bâle IV. Il table au minimum sur un coussin de 200 points de base au-dessus des exigences réglementaires. Ce ratio s'élevait à 13,1% à la fin du premier semestre 2023.
Le groupe prévoit une politique de distribution basée sur un taux de distribution compris entre 40 % et 50 % du résultat net publié à partir de 2023, avec une distribution répartie de manière équilibrée à compter de 2024 entre le versement d'un dividende en numéraire et le rachat d'actions. Une distribution du capital excédentaire sera envisagée une fois l'objectif de CET 1 atteint.
Dans le cadre du renforcement de ses actions ESG, Société Générale va réduire de 80 % son exposition au secteur de la production de pétrole et de gaz d'ici 2030 relativement à 2019. La banque va en outre lancer un fonds d'investissement pour la transition de 1 milliard d'euros.