(AOF) - "Donald Trump veut réduire le déficit commercial des Etats-Unis, mais sa politique pourrait en réalité le creuser", affirme Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès. Si le président élu soutient que la hausse des droits de douane qu’il envisage réduirait le déficit commercial, "c’est peu probable du fait de l’ajustement du taux de change", et alors que sa politique de baisses d’impôts devrait, toutes choses égales par ailleurs, creuser le déficit commercial américain, et donc accroître l’excédent commercial des autres pays, Europe comprise, vis-à-vis des Etats-Unis.
"Une hausse des droits de douane conduirait à une appréciation du dollar qui annulerait le gain de compétitivité", prédit l'économiste . Selon lui la baisse des importations aux États-Unis à court terme diminuerait la demande de devises étrangères de leur part, et pousserait donc le reste des devises à la baisse par rapport au dollar. Cette appréciation du dollar rendrait l'économie américaine moins compétitive, annulant l'effet positif attendu des droits de douane.
La hausse des droits de douane entraînerait par ailleurs une hausse des prix à la consommation (achats de produits importés plus cher ou de produits fabriqués dans le pays à un prix plus élevé que les importations) qui conduirait la Fed à augmenter ses taux, et donc à rendre les placements en dollars plus attractifs.
Sur un plan plus théorique, l'économiste souligne qu'"une variation du solde commercial doit s'accompagner d'une modification du niveau d'épargne et/ou d'investissement global d'un pays", un paramètre sur lequel droits de douane "n'influent pas directement".
Le programme de Donald Trump devrait accroître la dette publique d'environ 8 000 milliards de dollars en dix ans, les baisses d'impôts n'étant pas compensées pas les baisses de dépenses et les recettes des droits de douane. Par ailleurs ces baisses d'impôts stimuleraient à la fois la demande des ménages et les dépenses des entreprises, et une partie de cette demande supplémentaire serait destinée à des biens importés, ce qui creuserait le déficit commercial.