(AOF) - Patrick Alexandre est PDG fondateur de Crossject, qui a conçu Zeneo, un auto-injecteur sans aiguille pour l'administration de médicaments vitaux en situations d'urgence. Après l'annonce d'une augmentation de capital réservée d'un montant de 7,2 millions d'euros, le titre a perdu mercredi plus de 8% avant de remonter de 5% jeudi. Dans un entretien accordé à AOF, Patrick Alexandre détaille les projets de sa société pour l’année 2025
Patrick Alexandre, vous êtes PDG fondateur de Crossject. Le marché a mal réagi à l'annonce d'une augmentation de capital de 7,2 millions d'euros. Pourquoi avoir engagé cette opération dilutive ?
Nous avons un calendrier de forte création de valeur en début d'année prochaine avec l'autorisation d'urgence par la FDA de la commande qui pourra s'étendre jusqu'à 155 millions de dollars de la Barda (Biomedical Advanced Research and Development Authority), le service du ministère américain de la santé chargé de la prévention des situations sanitaires de force majeure. Il s'agissait de sécuriser nos ressources financières au cas où le processus prendrait plus de temps que prévu, compte tenu des conditions de marché difficiles de cette fin d'année.
Votre produit Zeneo intéresse l'administration américaine pour la prévention du risque terroriste. Quand pourrait-il être disponible aux États-Unis?
Nous sommes en train de générer les données demandées par la FDA pour que le produit soit disponible dès le 1er trimestre. L'instruction d'un dossier de ce type se fait avec une réelle urgence puisque notre produit est destiné à être réparti sur le territoire en cas d'attaque terroriste. Il n'y a pas de produit alternatif disponible en cas d'urgence, de sorte que les Américains sont actuellement vulnérables en cas d'attaque. Nous travaillons main dans la main avec la Barda pour lever les obstacles et la livrer le plus vite possible.
Quel bilan faites-vous de votre levée de fonds ?
Le soutien de notre actionnaire de référence qui a participé à l'opération à hauteur d'un tiers nous a permis d'attirer de nouveaux investisseurs sur le territoire américain : dans le marasme financier actuel, c'est très honorable. Cette levée de fonds était nécessaire ; en effet dans le contexte international actuel chahuté, c'est une protection contre des aléas. Sécuriser notre financement faisait partie de la sécurisation des six prochains mois, il s'agissait de ne pas trébucher si proche de nos objectifs.
Êtes-vous impactés par l'absence de gouvernement en France actuellement ?
Notre activité ne dépendant pas des données économiques françaises, la censure du gouvernement Barnier n'a pas eu d'impact sur notre commande garantie. Notre premier marché est le marché américain, de sorte que nous surveillons davantage l'actualité Outre-Atlantique.
Quelles seront les prochaines étapes ?
Début 2025, nous avons deux échéances avec la FDA pour une livraison dès le début de l'année. Dans cette dernière ligne droite, Crossject poursuit le renforcement de ses équipes afin de sécuriser la production. Après cette première vente avec la Barda, la deuxième étape consistera à commercialiser le produit auprès du grand public sur prescription. Nous avons commencé à construire une équipe de commercialisation aux Etats-Unis, car ce pays est déjà le premier marché de transformation de Crossject en société pharmaceutique complète spécialiste de l'urgence, notamment des crises d'épilepsie, et nous suivons déjà le dossier des allergies.