(AOF) - Les marchés internationaux ont été durement impactés par l'annonce hier soir des droits de douane réciproques plus élevés qu'attendu, orchestrés par Donald Trump. Le CAC 40 a essuyé un repli de 3,31% à 7598 points et l'EuroStoxx 50 de 3,61% à 5112 points. A Wall Street, le recul des indices suit la même tendance avec un Dow Jones qui perdait 3,37%, vers 17h45. La Bourse du Japon a clôturé ce matin en retrait de 2,77%.
Les taux longs sont en forte baisse des deux côtés de l'Atlantique en raison de la dégradation des perspectives économiques que devrait provoquer ce choc tarifaire. Les obligations bénéficient également de leur statut de valeur refuge. Après un nouveau plus haut historique ce matin à près de 3168 dollars, l'once d'or a ensuite subi des prises de bénéfices.
54% de droits de douane pour la Chine
Cette date du 2 avril 2025, rebaptisée "Liberation Day" par l'administration américaine, fera date après que le locataire de la Maison Blanche a dégainé des droits de douane massifs.
La première puissance mondiale va appliquer 20% de droits de douane sur les produits en provenance de l'Union européenne et 54% sur ceux venant de Chine.
Les taux ont été fixés à 24 % pour le Japon, l'un des plus proches alliés des Etats-Unis, 26 % pour l'Inde, 32 % pour Taïwan ou 46 % pour le Vietnam. Ils entreront en vigueur les 5 et 9 avril et retrouvent leur niveau des années 30.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a jugé qu'il s'agissait d'un " coup dur pour l'économie mondiale".
Le locataire de Matignon François Bayrou a, quant à lui, déploré une "catastrophe pour le monde de l'économie" qui met l'Europe en "immense difficulté".
Décision brutale et infondée
C'est dans ce contexte particulièrement tendu que le président français Emmanuel Macron a reçu en milieu de journée à l’Élysée "les représentants des filières impactées par les mesures tarifaires annoncées par les États-Unis". "La décision qui a été annoncée cette nuit est une décision brutale et infondée", a dit le chef de l'Etat en préambule de cette réunion, précisant que les exportations vers les États-Unis représentent 1,5% du PIB français et qu'au moins 70% des exportations européennes seront concernées.
Pour l'heure, l'industrie pharmaceutique est exemptée des droits de douane réciproques à l'inverse de nombreux secteurs (vins et spiritueux, automobile, luxe...).
Les rares valeurs françaises à échapper à la baisse appartenaient aux secteurs défensifs, comme Orange et Danone.
Le pétrole et le dollar dégringolent
Cette offensive protectionniste de Washington a eu pour effet d'entraîner une chute des cours du pétrole, de plus de 5%, et du dollar, de plus de 2%.
Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN Amro Investment Solutions, s'interroge sérieusement sur le mode de calcul des droits de douane utilisé par Washington, se résumant à la simple division du déficit commercial américain par l'ensemble des importations américaines. "De toute évidence, cela n'a aucun sens, au-delà de toute logique économique",pointe-t-il.
Michaël Nizard, directeur des gestions Multi Asset & Overlay, Edmond de Rothschild Asset Management indique par ailleurs que les tarifs douaniers peuvent être renégociés. " Ce qui pourrait amener à des tractations sur le montant des taxes, sur les réglementations ou la relocalisation d'activités sur le territoire américain", estime-t-il.
La séance de vendredi sera rythmée par les chiffres de l'emploi américain pour le mois de mars et par le discours du président de la Fed sur les perspectives économiques. Qui prendront inévitablement en compte le durcissement de la politique commerciale des Etats-Unis de Donald Trump avec le reste du monde.