La récente étude publiée par CMS, dont le cabinet français CMS Bureau Francis Lefebvre est membre, en collaboration avec Mergermarket vise à donner un aperçu du sentiment des grands acteurs du marché européen des fusions-acquisitions concernant les évolutions et les opportunités à venir.
Par Jean-Robert Bousquet, avocat associé en corporate/fusions & acquisitions. Il traite des opérations de fusion-acquisition, particulièrement de nature internationale et/ou impliquant des opérateurs de private equity.jean-robert.bousquet@cms-bfl.com
et Arnaud Hugot, avocat associé en corporate/fusions & acquisitions. Il assiste des industriels, des fonds d’investissement et des managers dans le cadre de tous types d’opérations de fusion-acquisition et de private equity, tant nationales qu’internationales. arnaud.hugot@cms-bfl.com
Le panel des personnes interrogées dans cette étude est composé de 230 dirigeants d’entreprises en Europe.
L’étude montre que la valeur des opérations en Europe a augmenté de 17 % au cours du 1er semestre de l’année 2015, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis 2007.
La réalisation d’importantes transactions, telles que l’acquisition par Royal Dutch Shell du groupe britannique BP pour 74,5 milliards d’euros, n’est pas étrangère à cette hausse de valeur et masque en réalité une diminution du volume des opérations de 14 % sur cette même période, avec 2 800 opérations contre 3 300 l’an dernier sur ce même semestre.
Pour ce qui est de la France, on observe au cours du 1er semestre de l’année 2015 une diminution de 11 % du nombre d’opérations par rapport à la même période de l’année dernière (avec 357 opérations réalisées au 1er semestre 2015) et une diminution de 44 % du montant des transactions pour atteindre 49,4 milliards d’euros. Néanmoins, les chiffres traduisent une évolution positive depuis 2012.
Certains des sondés adoptent un point de vue plus prudent sur la croissance économique européenne pour l’année à venir que lors de la précédente étude.
Les perspectives macroéconomiques au sens large sont plus contrastées qu’en 2014. Les entreprises européennes peinent à reprendre confiance et à investir.
Pour les dirigeants interrogés, l’instabilité politique et les contraintes réglementaires représentent les menaces principales pour 2016 (pour 57 % des sondés). Ils se déclarent toutefois optimistes quant au niveau attendu des fusions-acquisitions pour l’année à venir.
Une grande majorité des personnes interrogées (73 %) prévoit une hausse des fusions-acquisitions en Europe l’année prochaine tandis que seuls 8 % des sondés tablent sur une baisse.
Les participants misent sur le dynamisme de certains secteurs clés.
Selon eux, le marché devrait se concentrer sur les cinq secteurs suivants : TMT (pour 58 % des sondés), industrie et chimie (50 %), industries pharmaceutique, médicale et des biotechnologies (43 %), services financiers (41 %) et biens de consommation (37 %).
Pour 49 % des sondés, l’Allemagne devrait conserver sa position de leader en termes de dynamique des fusions-acquisitions pendant l’année à venir, suivie respectivement par les pays nordiques (19 %) et le Royaume-Uni et l’Irlande (15 %).
Seuls 3 % des participants pensent que la France sera le pays le plus actif sur le plan des transactions l’année prochaine. Un tel résultat peut paraître surprenant dans la mesure où le marché français des fusions-acquisitions est l’un des plus dynamiques d’Europe en volume et en valeur.
Sans surprise en revanche, les régions Asie-Pacifique et Amérique du Nord représentent les régions les plus attractives pour les investisseurs européens.
Les dirigeants anticipent relativement peu d’évolutions sur les conditions de financement (41 % des sondés).
L’étude conclut également que les investisseurs et les dirigeants d’entreprise se montrent de plus en plus créatifs dans leur approche du financement de leurs investissements. Les modes de financement dits alternatifs, tels que le financement participatif (crowdfunding), révolutionnent le marché du financement sur lequel les banques traditionnelles étaient jusque-là principalement présentes.
Plus des trois quarts des personnes interrogées (77 %) considèrent que le private equity représente la source de financement la plus disponible pour les entreprises.