Plus des trois quarts de l’encours d’épargne salariale sont investis dans des fonds responsables. Pourtant, les critiques se multiplient vis-à-vis de ce dispositif accusé par certains d’être trop laxiste sur le plan extra-financier. Les gérants spécialisés, eux, se mobilisent pour tenter de mieux satisfaire les attentes.
Points-clés
- Les fonds « articles 8 et 9 » représentent 77 % des encours d’épargne salariale, mais moins de la moitié sont labellisés.
- ONG et syndicats sont montés au créneau pour dénoncer le manque d’ambition du dispositif.
- Côté gérants, on cherche à répondre à ces attentes en renforçant l’offre de produits durables et surtout de services.
Sur le papier, épargne salariale et investissement responsable semblent devenus quasiment indissociables. Selon le dernier décompte de l’AFG, les fonds durables distribués dans ce cadre, définis comme ceux relevant des articles 8 et 9 du règlement SFDR, ne représentent pas moins de 77 % des encours diversifiés (hors actionnariat salarié), soit près de 100 milliards d’euros sous gestion. Au premier semestre, la collecte de ces supports a atteint 3,5 milliards d’euros, soit les deux tiers du total. Un succès qui sonne comme une évidence pour les gérants spécialisés. « Le poids de l’investissement responsable dans les dispositifs d’épargne salariale est le reflet de la volonté des donneurs d’ordres (DRH et partenaires sociaux) de nourrir les politiques de RSE et de partage de la valeur de leur entreprise : il y a un alignement d’intérêts », souligne Benoît Tassou, directeur du pôle réseaux partenaires France chez Amundi. L’inclinaison n’est d’ailleurs pas nouvelle. « Le lien entre épargne salariale et investissement durable est historique, rappelle de son côté Dominique Dorchies, directrice générale déléguée de Natixis Interépargne et présidente de la commission épargne salariale et retraite de l’AFG. Dès 2002, les organisations syndicales ont créé le label CIES (lire encadré) pour promouvoir l’épargne responsable au sein de l’épargne salariale. » De même, l’obligation de proposer un fonds solidaire dans tous les contrats remonte à la loi de modernisation de l’économie de 2008 : il a fallu attendre plus de dix ans et la loi Pacte pour qu’une règle similaire s’applique à l’assurance-vie.