Au Royaume-Uni, la remontée brutale des taux fin septembre a fait vaciller le système de retraite. En cause : son utilisation massive de produits dérivés dans le cadre d’une gestion dite « liability-driven ». En France aussi, des gérants promeuvent des stratégies axées sur la couverture du passif des assureurs, mais pas dans les mêmes proportions, assurent-ils. Alors que l’on cherche à développer la retraite par capitalisation, l’exemple britannique mérite toutefois d’être médité.
Un taux à 10 ans qui bondit de 120 points de base en quelques jours, une intervention de la banque centrale pour 20 milliards de livres, la promesse d’en injecter jusqu’à 45 milliards de plus si nécessaire et une très grosse frayeur pour les quelque 5 000 fonds de pension britanniques et leurs 1 500 milliards de livres (1 700 milliards d’euros) d’encours : la crise financière provoquée par le « mini-budget » de l’éphémère Premier ministre britannique Liz Truss aura été courte mais intense. Si cet épisode a rappelé aux marchés combien le risque politique reste prégnant dans l’environnement actuel, il a aussi mis en lumière les fragilités des stratégies de gestion mises en place par les fonds de pension britanniques, dites « LDI » pour « liability-driven investments » soit littéralement « investissements guidés par le passif ».
Un terme « à la mode »
Trois lettres que l’on ne croise pas qu’outre-Manche. En Europe continentale aussi, et en France notamment, beaucoup d’asset managers actifs auprès d’une clientèle institutionnelle ont développé des stratégies LDI, de manière plus ou moins explicite. « LDI est un terme vague, sans définition stable, mais qui renvoie, de manière générique, au fait de gérer des actifs de manière à respecter des contraintes de passif », avance Mathieu Froger, responsable du pôle insurance & regulated strategies chez AllianzGI. Parmi ces contraintes, on trouve le versement des rentes pour les fonds de pension, mais aussi l’indemnisation des sinistres pour les assureurs...