L’Ircantec, qui gère la retraite complémentaire des agents publics autres que les fonctionnaires et compte près de 13 milliards d’euros de réserves, vient d’annoncer l’exclusion de ses portefeuilles de douze sociétés actives dans les énergies fossiles, dont TotalEnergies. Une décision qui détonne, alors que les investisseurs institutionnels et gérants d’actifs préfèrent généralement rester actionnaires pour peser sur les décisions des entreprises.
Qu’est-ce qui a précisément motivé votre décision de désinvestir de douze entreprises actives dans les énergies fossiles ?
Olivier Blamangin : C’est le résultat de la mise en œuvre de notre politique climat, initiée en 2016 mais approfondie en octobre dernier pour nous fixer un objectif d’alignement de notre portefeuille sur un scénario de réchauffement limité à 1,5 °C d’ici 2100. Notre politique se fonde sur les travaux du GIEC et de l’Agence internationale de l’énergie dont les experts nous disent que, certes, nous ne pouvons pas encore collectivement nous passer des énergies fossiles, mais qu’il est indispensable, dès aujourd’hui, d’arrêter de développer de nouveaux projets d’extraction dans ce domaine. Nous avons donc adopté, d’une part, des seuils de chiffre d’affaires et de production plus restrictifs sur le charbon et sur le pétrole et le gaz, au-delà desquels les entreprises sont exclues. D’autre part, nous avons décidé d’exclure les entreprises qui continuent de lancer de nouveaux projets sur le pétrole et le gaz non conventionnels (pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux, exploitation en Arctique…), qui sont les plus émissifs de gaz à effet de serre. Cela nous a conduits à sortir de nos portefeuilles, à la fois actions et obligations, douze entreprises, dont TotalEnergies, Repsol ou Equinor. En revanche, nous n’excluons pas les entreprises qui s’engagent sur des plans de sortie crédibles pour le charbon, ainsi que le pétrole et le gaz non conventionnels. C’est ainsi que nous avons désinvesti de RWE car son plan de sortie...