Parole d’expert Swen Capital Partners - De plus en plus, la dette privée, et notamment la dette mezzanine, s’affirme comme un instrument clé du financement des petites et moyennes entreprises. Comment le gestionnaire SWEN Capital Partners, spécialisé dans les actifs non cotés, a-t-il choisi de se positionner sur ce segment de marché ? Eléments de réponse avec Diego Aponte-Vargas, directeur de gestion et responsable de l’activité de dette mezzanine.
On constate que les entreprises de taille moyenne se tournent de plus en plus vers la dette privée pour se financer…
Avec la hausse des taux d’intérêt, l’accès au crédit auprès des banques traditionnelles, qui sont les premiers acteurs du financement de ce type d’entreprises, est effectivement devenu plus difficile et les montants disponibles sont moindres. Dans ces conditions, les acteurs de la dette privée proposent une offre complémentaire, qui vient combler le vide laissé par les établissements bancaires et qui séduit de plus en plus les entreprises.
Que leur apporte le recours à la dette privée ?
De par leur structure, les fonds de dette privée sont plus flexibles et plus agiles par rapport aux banques traditionnelles (moins de contraintes administratives, moins de comités) et ils ont une connaissance plus fine des enjeux opérationnels des entreprises.
Ils sont par ailleurs en capacité d’adapter la structure des financements – dette unitranche, dette mezzanine – aux problématiques des entreprises et de leurs dirigeants.
SWEN Capital Partners est plus spécifiquement présent sur le marché de la dette mezzanine. Avec quelle approche ?
Nous faisons preuve d’une grande flexibilité. Ainsi, en fonction des besoins, nous réalisons différents types d’opérations : sponsorless (accompagnement des dirigeants sans un partenaire financier au capital de la société), mezzanine développement (financement de la croissance) et sponsored (opérations auprès de partenaires financiers actionnaires).
Par ailleurs, nous n’hésitons pas à adapter les modalités de nos financements pour tenir compte de la volatilité des taux d’intérêt. Certes, la hausse des taux a des retombées positives pour les créanciers lorsque les financements sont à taux variable. Ceci étant, il est également important de préserver le cash des entreprises, notamment pour qu’elles puissent continuer à investir. Le fait de leur proposer des emprunts PIK (payment in kind), dans lesquels les intérêts peuvent être capitalisés et payés à maturité, peut alors les soulager.
Ceci témoigne de notre volonté d’intervenir avec une double casquette. Nous sommes bien sûr des créanciers dont le rôle est de protéger les intérêts de nos investisseurs. Mais nous avons également une vision quasi equity, dans la mesure où nos intérêts et ceux des entreprises que nous finançons sont alignés. D’ailleurs, nous sommes presque systématiquement présents dans les conseils d’administration de ces entreprises, afin de les accompagner de manière active pour qu’elles génèrent de la croissance et mettent en place les meilleures pratiques financières et extra-financières. Nous nous appuyons pour cela sur la force de notre plateforme, grâce à laquelle nous suivons plus de 3 000 entreprises par transparence, que nous n’hésitons pas à mettre en relation pour qu’elles créent entre elles des liens commerciaux.
Vous vous singularisez également par la place centrale accordée à l’ESG…
L’ESG est effectivement au cœur de nos financements. Nous disposons d’une équipe interne ESG composée d’une dizaine d’analystes (soit 10 % de nos effectifs totaux). Elle épaule les équipes d’investissement pour identifier les enjeux matériels des entreprises ciblées d’un point de vue ESG, puis pour établir une feuille de route permettant de répondre à ces enjeux. Elle participe également à la définition des indicateurs ESG clés (KPI) propres à chaque entreprise (calcul et amélioration du bilan carbone, mise en place de politiques d’achats responsables, charte de diversité, etc.), sur lesquels une partie de notre performance est indexée.
Par ailleurs, les valeurs mutualistes que nous défendons – SWEN Capital Partners ayant pour actionnaires OFI Invest et le Crédit Mutuel Arkéa – sont un atout de premier plan. La capacité à créer du lien et une relation de confiance est au cœur du métier du non-coté. Le fait de placer l’humain au centre – plutôt que la finance qui devient une simple commodité – nous permet indéniablement de remporter des deals.
Quels types d’entreprises ciblez-vous ?
Notre activité de dette mezzanine, développée depuis 10 ans, est axée principalement sur les PME françaises (voire européennes) en croissance, dont l’Ebitda est compris entre 2 et 10 millions d’euros. Nos investissements sont concentrés autour de trois tendances structurelles de long terme : la production et les services de demain (transition écologique et énergétique, production locale et commerce de proximité, etc.), la santé et le bien-être, et la technologie.