Affichant une décote historique par rapport aux marchés américains, l’Europe ne parvient pas à réunir de consensus en sa faveur en ce début d’année, tant les raisons d’en rester à l’écart restent nombreuses. Quelques gérants parient néanmoins sur un possible rattrapage, lorsque tous les investisseurs auront capitulé…
« Nous dont le métier est de sélectionner des sociétés de gestion, constatons aujourd’hui qu’il ne reste plus comme dernier argument en faveur des actions européennes que le patriotisme économique ! », confiait fin décembre Christophe Boucher, directeur des investissements pour ABN AMRO IS. Il est vrai que ni le niveau de valorisations au plancher, ni le décrochage historique par rapport aux marchés américains ne semblent créer véritablement d’incitation en faveur d’un repositionnement des investisseurs. Force est de constater, relatent les gérants au contact de leurs clients, que l’Europe n’intéresse plus personne…
« L’Europe est déprimante », se désespèrent carrément certains professionnels de marché. En 2024 en effet, l’Eurostoxx ne s’est apprécié que de 6 %, au lieu de 23 % pour le S&P 500 outre-Atlantique. Le Vieux Continent a navigué à contre-courant de toutes les places mondiales l’an dernier (+ 20 % pour le Nikkei, et même + 18 % pour le Hang Seng après quatre années de pertes). Si le DAX a engrangé 18,85 % grâce à quelques performances spectaculaires (comme + 106 % pour SAP), le CAC 40 affiche un retrait de 2,15 %, plombé par le secteur luxe (– 40 % pour Kering, – 13 % pour LVMH), qui pèse 20 % de l’indice, ainsi que par des banques très volatiles, en tant que premier canal de contagion de la crise politique. Les valorisations des actions européennes sont devenues historiquement basses par rapport à celles des actions américaines : la décote atteint 45 % alors qu’elle...