2025-2026 : entre reprise sous tension et nouveau jeu d’alliances internationales
L’année 2024 aura eu son lot d’incertitudes politiques, que ce soit en France avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin ou dans le monde alors que les Etats comptant pour 60 % du PIB mondial ont été concernés par des élections. D’un point de vue économique, en 2025 et 2026, la croissance du PIB mondial devrait rester modérée mais stable. Dans ce contexte, que pouvons-nous attendre pour l’économie mondiale sur les deux prochaines années à l’aube d’une probable guerre commerciale ?
Une croissance économique stable et une baisse de l’inflation sont attendues dès 2025
Nous vivons depuis maintenant plusieurs années dans un monde volatil. La crise du Covid-19 à partir de 2020, puis l’invasion de l’Ukraine et la guerre au Moyen-Orient ont entraîné de considérables répercussions sur l’économie mondiale et les perspectives de croissance dans les principales zones économiques sont aujourd’hui amoindries. En effet, nous estimons que la croissance du PIB mondial devrait rester modérée mais stable, à +2,8 % en 2025-2026, tout comme les économies développées qui devraient connaître un léger ralentissement (+1,8 % en 2025 et +1,7 % en 2026). En revanche, les économies émergentes devraient maintenir une croissance robuste (+4,1 % sur les deux années), alors que l’économie américaine devrait croître à un rythme de +2,3 % en 2025, avant de ralentir à +1,8 % en 2026. De son côté, la croissance de la Chine devrait ralentir (+4,6 % en 2025, +4,2 % en 2026), le pays continuant à s’orienter vers une économie davantage axée sur la consommation tout en gérant les pressions du commerce extérieur.
Quant à l’inflation, elle devrait finalement reculer à 2 % en 2025, ce qui permettrait de poursuivre l’assouplissement de la politique monétaire jusqu’à la fin de l’année 2025. Cependant, nous pensons que de nouvelles contraintes sur la chaîne d’approvisionnement, dues à la montée des mesures protectionnistes et aux conflits en cours qui entraînent une hausse des coûts de transport, pourraient temporairement augmenter l’inflation au cours de la période.
«Alors que les économies développées devraient connaître un léger ralentissement (+1,8 % en 2025 et +1,7 % en 2026), les économies émergentes devraient maintenir une croissance robuste (+4,1 % sur les deux années).»
La guerre commerciale reprend de plus belle avec le retour de Trump au pouvoir
Il y a fort à parier que les changements politiques, tels que les élections américaines, vont remodeler les paysages économiques et introduire de nouvelles incertitudes. Les risques géopolitiques, y compris les tensions entre les grandes puissances, restent une préoccupation majeure pour la stabilité mondiale.
Au cours de son second mandat en tant que président des Etats-Unis, Donald Trump est susceptible d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises et autres importations stratégiques (à 25 % pour les premières et à 5 % pour le reste du monde, à l’exclusion du Mexique et du Canada), ce qui, selon nos analyses, diminuerait la croissance nominale du commerce mondial de -0,6 point de pourcentage en 2026, la plupart des mesures entrant en vigueur à partir du second semestre de 2025. La Chine et l’UE supporteraient la majeure partie du coût, en particulier dans les secteurs de l’automobile, des équipements de transport et des métaux. A l’inverse, les mesures de rétorsion chinoises et européennes devraient toucher les produits américains, tels que les produits pharmaceutiques, l’automobile, les métaux, l’agroalimentaire et les machines.
En cas de guerre commerciale totale (droits de douane de 60 % sur la Chine et de 10 % sur le reste du monde), la Chine, le Mexique et le Canada seraient les plus durement touchés. En revanche, cela pourrait également accroître l’inflation aux Etats-Unis et affaiblir la croissance mondiale.
L’incertitude persiste pour les entreprises
Dans ce contexte, il est fort probable que les défaillances d’entreprises atteignent un niveau élevé prolongé dans la plupart des pays. En effet, les dynamiques les plus récentes confirment principalement la poursuite de la tendance haussière des défaillances d’entreprises en 2024 dans la plupart des pays. Nous prévoyons ainsi une nouvelle accélération globale pour l’ensemble de l’année, avec quatre pays sur cinq en hausse.
Il est enfin intéressant de noter que les grandes entreprises n’ont pas été épargnées par la hausse des défaillances d’entreprises. Avec plus d’une faillite par jour, 2024 devrait être une année record pour les défaillances d’entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros. En 2025, nous prévoyons que notre Indice global des défaillances atteindra un niveau stable après trois années consécutives de hausse (+1 %, +7 % et +9 %, respectivement en 2022, 2023 et 2024). Toutefois, cette stabilisation résulterait de tendances régionales et nationales plus inégales qu’en 2024 : seuls trois pays sur dix devraient voir les défaillances d’entreprises augmenter, mais il s’agira d’un mélange de grandes et de petites économies, représentant plus de la moitié du PIB mondial.
Ana Boata est directrice de la recherche économique d’Allianz Trade
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