Banques centrales : les marchés n’écoutent pas
Le comportement des marchés financiers depuis le début de l’année pourrait agacer le plus patient des pédagogues. Les banques centrales répètent qu’elles vont maintenir les taux directeurs à des niveaux restrictifs en 2023 parce que l’inflation reste beaucoup trop élevée. Les investisseurs n’y croient pas vraiment, se raccrochant aux bribes de messages officiels qui font état d’un début de ralentissement de l’inflation. Des réajustements de positions après une année 2022 désastreuse, sur les actions comme sur les obligations, expliquent sans doute une partie du rebond enregistré et distordent ainsi l’information sur les attentes contenues dans les prix de marché. D’autre part, la rapidité des évolutions conjoncturelles et l’éventail des possibilités pour les mois à venir peuvent donner le vertige. La réouverture de l’économie chinoise, plus précoce et plus forte que prévu, éloigne le risque de récession mondiale tout en alimentant potentiellement les pressions haussières sur le prix des matières premières et donc sur l’inflation. Dans la zone euro, les enquêtes ont révélé une meilleure résistance de l’activité mais la consommation a baissé au 4e trimestre. Partout, le marché du travail reste solide et, face aux pénuries de main-d’œuvre, le rapport de force paraît plus favorable aux salariés. Entre récession, atterrissage en douceur ou brutale réaccélération, le consensus sur la croissance a du mal à s’établir. En ajoutant les perspectives sur l’inflation (reflux durable ou stabilisation à un niveau élevé), les combinaisons se multiplient, entretenant la volatilité surtout sur les marchés obligataires.
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Une analyse de Nathalie Benatia, senior market strategist chez BNP Paribas Asset Management.