Courbe du chômage : inversée ou pas ?

Publié le 14 mars 2014 à 15h16    Mis à jour le 30 avril 2014 à 18h12

Dominique Barbet

Entre les chiffres de Pôle emploi, qui montrent que la hausse tendancielle du chômage s’est poursuivie jusqu’en janvier, et ceux de l’INSEE, qui pointent un recul au cours de chacun des deux derniers trimestres de 2013, il y a de quoi y perdre son latin. Au-delà de ces chiffres, trois réalités s’imposent. Primo, les deux sources s’accordent pour montrer que, au-delà du chômage pur, le sous-emploi progresse rapidement.

Au ministère du Travail, ce sont les catégories B et C : ceux qui ont un peu travaillé mais cherchent un vrai emploi. L’INSEE parle de «halo» ou de personnes proches du marché du travail ; la définition est différente, mais les effectifs s’envolent. Dans tous les cas, la hausse marginale du nombre d’emplois créés, 15 100 au dernier trimestre 2013, est insuffisante. Le problème n’est pas que l’emploi aurait encore reculé sans les créations de postes d’intérimaires, l’emploi repart d’abord par l’intérim, toujours. La situation s’améliore, mais trop lentement.

Deuxio, la hausse du sous-emploi montre que les réformes passées ont porté leurs fruits. L’incitation au travail progresse, même à temps partiel, temporaire, ou considéré comme inadéquat en termes de poste ou de rémunération recherchés. Le fait que 52 %, un niveau record, des demandeurs d’emploi ne soient pas indemnisés prouve que le chômage est de moins en moins considéré comme «acceptable».

Tertio, aucune amélioration n’est perçue par l’opinion publique. Au contraire, les chiffres officiels divergents ne font qu’ancrer l’idée que la situation s’aggrave, et cela jettera un doute persistant sur l’amélioration future. Il s’ensuit des comportements moins favorables à la reprise économique, tel le report des décisions d’investissement des ménages et des entreprises.

Dominique Barbet

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