De l’inflation sur le capital financier et sur le capital humain
Les récentes crises (tensions entre les Etats-Unis et la Chine, Covid, guerre en Ukraine) ont toutes révélé le besoin d’investir pour accélérer la transition environnementale et pour favoriser l’indépendance stratégique (défense, numérique, santé, énergie ou encore alimentaire).
Ces périodes de changement de modèle économique sont « par nature » inflationnistes dans le sens où ces transitions exigent beaucoup de ressources qui n’existent pas forcément en quantité suffisante. Cette inflation durable se traduira sur certaines matières premières, mais aussi, et surtout, sur le prix du capital financier et du capital humain.
Nous évaluons les besoins d’investissement en Europe liés à l’indépendance stratégique autour de 3 % du PIB par an : 2 % pour la transition environnementale, 0,5 % pour le numérique, 0,4 % pour la défense et 0,3 % pour la sécurité énergétique. Une hausse du taux d’investissement de 3 % sans ajustement de l’épargne devrait provoquer à terme une remontée supplémentaire des taux d’intérêt « d’équilibre » de l’ordre de 200 points de base. Face à cette pression haussière, la BCE sera obligée de régulièrement intervenir pour gérer la courbe des taux.
Au-delà du capital financier, les transitions exigent aussi du capital humain en quantité et en qualité (compétences). Le « plein emploi » n’est donc plus un mot tabou. Dans un environnement contraint par le vieillissement démographique, les réponses de politique économique passeront nécessairement par la formation et par une politique d’immigration de travail.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
Du même auteur
Récession or not récession ?
Les marchés financiers testent à nouveau l’hypothèse d’une récession aux États-Unis. Pour les…