Plus de négociation, mais moins de concertation
Dans la plupart des pays développés, un changement semble s’opérer dans la méthode de gouvernement. Celle-ci passe d’un mode moins dogmatique, voire idéologique, à une approche plus pragmatique impliquant davantage de négociations.
Aux Etats-Unis, les Trumpnomics se caractérisent principalement par une politique économique fondée sur la négociation, tantôt avec les dirigeants étrangers sur la question des droits de douane, tantôt avec les chefs d’entreprise de la Silicon Valley à propos de l’immigration. Au Royaume-Uni, le gouvernement a redéfini son orthodoxie budgétaire en isolant les dépenses d’investissement pour desserrer la contrainte de déficit public à 3 % du PIB. En Allemagne, un consensus politique émerge pour contourner la limite constitutionnelle de déficit public (« frein à l’endettement »).
En économie, les solutions coopératives et la flexibilité des politiques économiques produisent généralement de meilleurs résultats. En ce sens, ce mode « pragmatique » est une bonne nouvelle. Cependant, ce qui est plus perturbant, c’est que ces discussions (notamment sur les droits de douane) ne s’inscrivent plus dans un cadre multilatéral mais se déroulent de manière bilatérale. Cela marque une remise en cause supplémentaire de la gouvernance économique internationale, telle qu’elle avait été conçue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Plus de négociation, mais moins de concertation : ces nouvelles tendances alimentent les incertitudes pour les acteurs économiques, qui n’auront d’autre choix que de s’y adapter.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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