
Doutes sur l’Amérique
Sur le moyen terme, les investisseurs peuvent rester confiants dans la capacité des entreprises américaines à créer de la valeur. En particulier, les investissements dans l’IA vont permettre des gains de productivité très largement sous-estimés.
Toutefois, à court terme, les marchés ont trois bonnes raisons de douter des Etats-Unis.
D’abord, l’économie américaine devrait affronter un « trou d’air » dans les prochains mois. La hausse des droits de douane va peser sur le pouvoir d’achat des ménages et freiner la consommation. En outre, les incertitudes commerciales alimentent la défiance des entreprises. A cet égard, nos indicateurs IA construits à partir des narratifs des chefs d’entreprise suggèrent un retournement conjoncturel.
Ensuite, la politique monétaire de la Fed est sous contrainte. En cas d’adversité, les marchés ne peuvent pas espérer un secours imminent de la banque centrale. Non seulement la Fed a posé le diagnostic d’une surévaluation des actifs risqués, mais les anticipations d’inflation se rehaussent significativement.
Enfin, les allers-retours sur les droits de douane conduisent à se demander s’il y a réellement un « pilote dans l’avion ». Surtout, les premières mesures de l’administration Trump montrent qu’elle est prête à utiliser des ressources publiques pour servir des intérêts privés, ce qui n’est pas compatible avec l’efficience des marchés financiers.
Les investisseurs devraient donc accentuer la pression. La sous-performance des actifs risqués américains par rapport aux actifs européens et émergents n’est probablement pas terminée.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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