Dans cet environnement économique incertain et volatil, pouvons-nous imaginer que les défaillances d’entreprises cesseront d’augmenter dans les prochaines années ?

En France, les défaillances d’entreprises devraient atteindre un nouveau record historique

En France, le constat est alarmant. Les défaillances d’entreprises ont atteint un record historique en 2024, avec 66 100 cas enregistrés, soit une hausse de 17 % par rapport à 2023. Ce chiffre est 20 % supérieur aux niveaux d’avant crise Covid, et tous les secteurs ont contribué à cette hausse, certains à un rythme à deux chiffres. La construction (+25 %), le commerce de détail (+11 %) et l’hôtellerie (+10 %) représentent à eux seuls la moitié du nombre total de défaillances. Ces données mettent en lumière plusieurs facteurs : l’effet de rattrapage post-Covid, la faiblesse du cycle économique, les défis sectoriels spécifiques, l’assouplissement limité des conditions de crédit et les difficultés à rembourser les prêts garantis par l’Etat.

Chez Allianz Trade, nous prévoyons que la France atteindra 67 500 cas de défaillances en 2025 (+2 %), un nouveau record en vue, en raison de la faiblesse prolongée de la croissance économique et d’un soulagement limité de la politique monétaire. L’année 2026 pourrait voir une amélioration limitée, mais le nombre de défaillances restera à un niveau élevé.

En 2024, les défaillances d’entreprises ont augmenté dans quatre pays sur cinq

Comme prévu, l’année 2024 a enregistré une nouvelle augmentation rapide et quasi généralisée des défaillances d’entreprises au niveau mondial. Celles-ci ont bondi de 10 % l’année dernière, terminant 12 % au-dessus des niveaux d’avant crise Covid. Le nombre de défaillances d’entreprises a augmenté dans quatre pays sur cinq, la plupart enregistrant une hausse à deux chiffres.

Selon notre étude, l’Amérique du Nord et l’Asie ont toutes deux significativement contribué à la hausse des défaillances au niveau mondial, l’Europe occidentale restant un contributeur clé malgré une hausse plus modérée. Dans cette région, les deux tiers des secteurs ont enregistré une hausse des défaillances en 2024, notamment les transports, la construction et les services B2B. Au final, 474 grandes entreprises [1] ont fait faillite dans le monde l’année dernière, un chiffre record sur la décennie écoulée qui rappelle l’importance pour les entreprises de surveiller de près le risque d’effets domino sur les fournisseurs et les sous-traitants.

2025-2026 : la hausse des défaillances d’entreprises dans le monde est loin d’être terminée, surtout en cas de véritable guerre commerciale

Chez Allianz Trade, nous prévoyons une augmentation des défaillances d’entreprises au niveau mondial de 6 % en 2025 et de 3 % en 2026, exacerbée par le risque de report de la baisse des taux d’intérêt, de l’incertitude accrue et de la faiblesse de la demande. En effet, des taux d’intérêt relativement élevés pourraient mettre à rude épreuve les entreprises et les secteurs fortement endettés, ainsi que ceux qui sont confrontés à des défis spécifiques tels que la transition écologique, la concurrence de l’IA ou les frictions au sein de la chaîne d’approvisionnement. Dans le même temps, une incertitude prolongée pourrait inciter les entreprises à davantage d’attentisme, ce qui entraînerait une réduction de l’activité au détriment des entreprises déjà fragiles.

Dans notre scénario, nous nous attendons à une baisse des taux d’intérêt en Europe et aux Etats-Unis, mais les risques inflationnistes, en particulier outre-Atlantique, pourraient menacer ces baisses. Si les coûts d’emprunt augmentent et rendent le crédit moins accessible, cela pourrait entraîner un ralentissement de la croissance du crédit, un resserrement des conditions financières et une augmentation des risques de défaut pour les entreprises fortement endettées.

Enfin, le principal risque de hausse des défaillances est la guerre commerciale qui se profile à l’horizon : une guerre commerciale de grande ampleur augmenterait nos prévisions avec une hausse des défaillances d’entreprises mondiales estimée à 7,8 % en 2025 et 8,3 % en 2026. Pour ces deux années, cela signifierait notamment 6 800 cas supplémentaires aux Etats-Unis et 9 100 en Europe occidentale.

[1] Entreprises dont le chiffre d’affaires annuel dépasse 50 millions d’euros.