Eté 2021 en Chine : quand le politique bouscule la finance
Depuis la fin de l’année 2020, les autorités chinoises n’ont eu de cesse de vouloir reprendre le contrôle des activités des plateformes internet. Dans un premier temps, on pouvait penser que la reprise en main se concentrerait sur les fintechs, notamment avec la suspension in extremis de la mise en Bourse d’Ant, filiale financière d’Alibaba. Toutefois, l’extension de la régulation à Meituan et Didi, sociétés d’alimentation en ligne et de chauffeurs privés, puis au secteur de l’éducation privée, souligne la volonté des autorités de prendre le contrôle de la totalité de l’industrie internet. Depuis, les mesures de régulation se succèdent à un rythme effréné. Aucun domaine d’application ne semble à l’abri, et, à travers une dialectique de protection des droits des consommateurs et de lutte contre les inégalités, il semble que l’on retrouve une spécificité du modèle de développement économique chinois ; ce dernier laisse la main au privé pour développer un nouveau marché, dont l’Etat reprend le contrôle dès son arrivée à maturité. La maîtrise des données reste un élément central pour le Parti et sa survie sur le long terme. L’idéologie politique semble ainsi prendre le dessus sur le pragmatisme économique. Mais la priorité donnée à l’innovation par Xi Jinping dans ses dernières communications pourrait faire les frais de ce nouvel environnement, attendu pour perdurer jusqu’au XXe Congrès du Parti à l’automne 2022.
Laetitia Baldeschi est responsable des études et de la stratégie chez CPR Asset Management.