Euro : des vents contraires, certes, mais qui soufflent de moins en moins fort

Publié le 7 février 2014 à 13h17    Mis à jour le 18 février 2014 à 18h56

Didier Borowski

L’amplitude des fluctuations de l’euro a nettement diminué au fil des ans, notamment face au dollar. Nous sommes loin des phases de sur-réaction des dernières années (le repli à 1,20 dollar en 2010 et 2012 après l’envolée à 1,50 dollar en 2009 et 2011), sans compter les points extrêmes atteints par la devise (0,83 dollar en 2000 ; 1,60 dollar en 2008). L’euro n’a aujourd’hui pas de raison de chuter. (1) Le stress financier est tombé à son plus bas niveau depuis 2007 et la zone euro (ZE) sort de récession. (2) L’excédent de la balance courante est aujourd’hui à son plus haut niveau historique (depuis la naissance de l’euro) et la ZE n’a pas cessé d’enregistrer des entrées nettes de capitaux malgré la crise. Et (3) les pressions désinflationnistes à l’œuvre en ZE tendent à apprécier le niveau de parité de pouvoirs d’achat de l’euro.

Mais l’euro n’a pas, non plus, de raison de s’envoler. (1) Même si les entrées de capitaux en ZE s’accroissent avec la reprise, l’excédent courant devrait se tasser avec l’augmentation des importations. Et (2) la reprise, plus solide outre-Atlantique, plaide pour un élargissement de l’écart de taux d’intérêt entre les Etats-Unis et la ZE. En diminuant ses achats de titres, la Fed se prépare à remonter ses taux directeurs en 2015. De son côté, la BCE se tient prête à agir mais dans l’autre sens, «si besoin». En définitive, l’évolution des écarts de taux d’intérêt devrait affaiblir l’euro, qui devrait retomber sur 1,30 dollar d’ici la fin de l’année. Mais il faudra probablement pour cela que la BCE se décide à prendre des mesures, ne serait-ce que pour empêcher que les taux américains, lorsqu’ils remonteront, n’entraînent dans leur sillage ceux de la ZE.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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