La dette américaine : le cygne noir
Nassim Taieb a rendu célèbre le concept de cygne noir en finance. Soit la possibilité qu’un risque très improbable se matérialise.
Aujourd’hui, l’anxiété monte quant à la possibilité que le Congrès refuse de rehausser le plafond de la dette américaine, fixé à 31 400 milliards de dollars. Et pour cause, ce montant a déjà été atteint, même si le Trésor utilise tous les outils à sa disposition pour continuer à fonctionner.
Or Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, a annoncé récemment que la date fatidique pourrait arriver plus tôt que prévu, dès début juin. En l’absence d’accord, les Etats-Unis pourraient alors faire défaut sur leur dette. Evidemment, cela n’est jamais arrivé. Historiquement, un accord politique a toujours été trouvé à la dernière minute. Mais cette fois-ci la nervosité est plus élevée, les Républicains contrôlant le Parlement semblant peu enclins à des concessions.
Le groupe de conseillers économiques de la Maison-Blanche a ainsi publié une note très alarmiste. Dans le scénario du pire, le PIB baisserait de 6 points de pourcentage et plus de 8 millions de personnes perdraient leur emploi. Outre les pertes de revenus générées par l’arrêt des transferts sociaux, la confiance subirait un coup brutal qui pourrait réduire de façon importante les dépenses des agents. Sans compter l’impact financier profond. Aussi, malgré une intervention de la Fed, qui assouplirait fortement sa politique monétaire, on risquerait des pertes de valeur considérables sur les actifs les plus risqués. La crise deviendrait mondiale.
Les cygnes noirs existent. Le risque d’en voir un est très faible, mais non nul.
Sebastian Paris Horvitz est directeur de la recherche chez LBP AM
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