La Fed a-t-elle des difficultés à se faire comprendre ?
L’écart entre les projections de la Fed sur la trajectoire future du taux directeur et les anticipations du marché est actuellement très élevé. Ainsi, à échéance fin 2018, la Fed anticipe des Fed Funds à 2,5 % tandis que les forwards suggèrent un taux de 0,9 %.
Cette apparente incompréhension entre la Fed et les marchés fait peser un double risque : soit la Fed est trop optimiste et l’ajustement peut nuire à sa crédibilité et ce faisant provoquer une correction des actions ; soit les marchés de taux sont trop pessimistes et la prise de conscience d’un durcissement plus marqué de la politique monétaire peut conduire à une tension obligataire.
En fait, cette incompréhension est pour partie surestimée parce que l’on compare une anticipation de la Fed qui ne porte que sur la politique monétaire conventionnelle (à savoir les Fed Funds) avec une anticipation des marchés qui intègre implicitement à la fois les politiques monétaires conventionnelle et non conventionnelle (le bilan). Autrement dit, l’effet de rareté du papier obligataire se diffuse par arbitrage sur les parties les plus courtes, biaisant leur contenu informatif. En corrigeant de cet effet, on peut montrer que cela réduit pour moitié l’écart actuel entre les anticipations de la Fed et celles du marché.
Bonne nouvelle : on ne peut pas interpréter la divergence entre la Fed et les marchés comme un risque de perte de crédibilité de la Fed. Mauvaise nouvelle : le contenu informatif de tous les marchés de taux est biaisé, et on s’en doutait déjà.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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