La récession de Schrödinger
Rassurez-vous, il ne s’agit pas dans ces quelques lignes de se lancer dans des considérations sur la physique quantique appliquée à la finance. Selon Bloomberg, les économistes de marché accordent une probabilité de 65 % à la survenue d’une récession aux Etats-Unis dans les douze prochains mois, ce qui semble raisonnable après une hausse de 475 pb en un an du taux des fonds fédéraux américains. Le FMI vient d’ailleurs d’annoncer un ralentissement « particulièrement marqué » de l’activité économique des pays avancés en 2023. Dans le même temps, les enquêtes d’activité s’améliorent depuis maintenant six mois, le taux de chômage aux Etats-Unis et dans la zone euro reste très bas et la BCE, qui a remonté ses taux directeurs de 350 pb depuis juillet dernier, indique n’avoir pour le moment « aucune raison de penser que la récession arrive » (Isabel Schnabel, 24/04/2023). Les économistes doivent-ils revoir leur copie ? Nous ne le pensons pas. Toutefois, il faudra du temps pour que les données économiques commencent à refléter une récession modeste, et l’éventail des possibilités autour de ce scénario central est large. La vraie question est la réaction des banques centrales à cet environnement : à l’heure actuelle, elles considèrent que la bataille contre l’inflation n’est pas encore gagnée alors que les investisseurs imaginent que la politique monétaire est trop restrictive. Le débat sur le niveau de taux directeur neutre (le fameux r*) commence à peine.
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Une analyse de Nathalie Benatia, senior market strategist chez BNP Paribas Asset Management.