Le monde d’après
Le marché fait le pari que l’essentiel de 2021 s’annonce de bon augure en matière d’activité, grâce à une combinaison mêlant levée des entraves à la mobilité, rattrapage du manque de croissance de la période antérieure et réglage toujours accommodant de la politique économique.
Mais qu’en est-il du «coup d’après» ? Les choses ne sont pas très claires, essayons donc de poser quelques jalons. D’abord, il y a cette crainte, qu’on ressent presque instinctivement, que la croissance potentielle, celle qu’il est possible d’extrapoler sur une certaine période, ne ralentisse. N’en est-il pas ainsi chaque fois que l’économie traverse une crise majeure ? Bien sûr, la nature différente de celle en cours ne conduit pas «automatiquement» à une telle répétition. Elle est pourtant à envisager, au vu de tout un pan du secteur productif en difficulté et d’une montée du chômage, dont une partie pourrait devenir structurel.
Ensuite, et de façon plus conceptuelle, «la messe n’est pas dite». C’est du moins la réaction que l’on a à la lecture de tous ces travaux de recherche qui pointent de possibles changements dans les enchaînements économiques. La productivité pourrait-elle être plus forte ? La question se pose aussi pour l’inflation. Dans un contexte de taux d’intérêt sans doute bas pour longtemps, quel regard porter sur le stock de dettes élevé, qu’il soit public ou privé (entreprises) : contrainte incontournable ou point devenu de second ordre ? Quelle est la finalité de l’entreprise dans un environnement moins ou peu concurrentiel ? Le regard sur les profits et la place réservée à l’actionnaire doivent-ils changer ?
Le marché doit se préparer à un environnement potentiellement différent : le monde d’après ne ressemblera pas forcément à celui d’avant.