Le blog d'Hervé Goulletquer
L’hypothèque américaine
Le résultat des élections américaines du 3 novembre est le principal élément d’incertitude sur les marchés. S’ouvrira-t-il, au lendemain de celle-ci, une période de vide politique plus ou moins longue, et à quel changement de politique économique doit-on se préparer ?
L’infection à la Covid-19 du président Trump n’a pas créé un courant de sympathie en sa faveur. Bien au contraire, les électeurs ont considéré que cela symbolisait les faiblesses de sa politique de santé. L’avance de Joe Biden sur le président sortant atteint presque 10 points. A la même époque il y a quatre ans, celle d’Hillary Clinton tournait autour de 5 points. L’hypothèse d’une élection contestée est sans doute levée et, avec elle, la crainte d’un blocage institutionnel.
En matière de politique économique, deux dimensions sont à prendre en compte. D’abord, son orientation à l’horizon des quatre prochaines années dépendra dans une large mesure de la majorité sénatoriale au sortir de l’élection. Si le parti démocrate s’en empare, il contrôlera alors les pouvoirs exécutif et législatif. La porte sera ouverte à des changements fiscaux, budgétaires et de régulation, que le marché n’appelle pas naturellement de ses vœux. En cas de maintien du contrôle du Sénat par les républicains, la ligne générale de politique économique serait en revanche beaucoup moins remise en cause.
Ensuite, la Maison Blanche a renoncé au lancement d’un quatrième plan de soutien avant l’élection présidentielle. Il y a ici une prise de risque économique : quel sera l’impact sur la croissance à quelques mois ? Mais Donald Trump fait de la politique et préfère que le Sénat consacre son temps à ratifier la nomination d’un sixième juge «conservateur» à la Cour suprême. Comme quoi, il n’a pas perdu l’espoir de gagner l’élection…