Formation

Ces diplômes en finance qui ont la cote auprès des entreprises

Publié le 4 mars 2025 à 8h00

Anne del Pozo    Temps de lecture 9 minutes

HEC, l'Essec, l'Edhec, emlyon ou encore l'ESCP Business school... en finance d’entreprise, l’aura de certaines écoles et universités reste importante, et les candidats qui en sortent sont toujours très demandés. En dehors des compétences techniques enseignées dans ces institutions, les entreprises cherchent aussi des candidats capables de s’adapter à un environnement en constante évolution, y compris dans le domaine technologique.

Si les métiers de la finance sont variés, les parcours académiques pour se former sur ces sujets le sont tout autant. En dépit de cette diversité de formations, certains diplômes sont plus particulièrement plébiscités par les entreprises qui recrutent des financiers. « Pour recruter sur des postes en finance, contrôle de gestion ou encore en M&A, elles cherchent avant tout des diplômés en bac + 5, en master en finance, master en comptabilité et contrôle de gestion ou encore master en gestion des risques financiers ou en ingénierie financière, constate Aurélien Boucly, senior talent director chez Robert Half. Les formations en comptabilité comme le DCG ou le DSCG sont également prisées. » Depuis la crise Covid, la demande des entreprises est restée globalement stable. « Les profils les plus recherchés sont ceux ayant une formation rigoureuse en finance d’entreprise ou en finance de marché », constate Evren Ors, directeur académique du master de finance internationale d’HEC Paris. En effet, au-delà des niveaux de ces formations, certaines entreprises sont également attentives aux écoles et universités qui délivrent ces diplômes. Celles les plus plébiscitées par les recruteurs en France comprennent d’ailleurs plusieurs institutions prestigieuses. Parmi elles, HEC Paris se distingue particulièrement et est souvent citée comme l’une des meilleures écoles pour les postes en finance. « Les masters en finance d’HEC mais aussi ceux de l’Essec, l’Edhec, emlyon, l’ESCP Business School ou encore SKEMA sont particulièrement reconnus par les entreprises françaises et étrangères, précise Marie-Hélène Pebayle, présidente de la DFCG. D’autres écoles comme Audencia, l’Ieseg, l’EM Grenoble ou encore Kedge tirent également très bien leur épingle du jeu. » Aux côtés de ces grandes écoles, les parcours universitaires ne déméritent pas. « C’est notamment le cas de l’Université Paris Dauphine, dont différents masters en finance sont également parmi les plus reconnus de la place », relève Marie-Hélène Pebayle. L’Université Paris Dauphine-PSL propose en effet une trentaine de parcours en finance, chacun orienté sur un marché différent (banque, finance d’entreprise, finance de marché, comptabilité, gestion d’actifs, etc.). Elle est notamment reconnue pour son master 225 en finance d’entreprise et ingénierie financière. « Il s’agit d’un master qui forme les cadres en finance dont les diplômés sont notamment recherchés pour accompagner les entreprises dans leurs opérations de fusions et acquisitions, explique Elyes Jouini, professeur des universités, directeur de la House of Finance Dauphine. Les diplômés du master comptabilité contrôle et audit de l’Université également reconnu dans le métier sont pour leur part prisés en particulier auprès des grands cabinets de conseil de la place. » De leur côté, la Sorbonne et l’IGR-IAE de Rennes proposent notamment des masters en trésorerie plébiscités par la profession.

Une immersion en entreprise toujours indispensable

Au travers de ces cursus, les entreprises recherchent principalement des diplômes dits « pré-expérience » à vocation professionnelle. Tous imposent d’ailleurs des périodes de stages en France et/ou à l’étranger et la plupart préconisent une année de césure pendant laquelle les étudiants se frottent généralement au monde professionnel. « Une approche que nous proposons par exemple au travers du master in International Finance (MIF) d’HEC ou le master in Management avec une spécialisation en finance internationale, précise Evren Ors. Ces formations offrent aux étudiants un enseignement approfondi en finance, combiné à une année d’expérience professionnelle grâce à des stages en banques ou en cabinets de conseil. Les diplômés de ces programmes maîtrisent les dernières méthodes et approches du secteur, ce qui les rend immédiatement opérationnels. De plus, ils peuvent être formés rapidement selon les besoins spécifiques de l’institution qui les recrute. »

Cette réputation de l’école ou de l’université dont est issu un étudiant est souvent un indicateur de la qualité du futur employé. « En effet, la sélectivité des écoles garantit généralement un fort potentiel chez les diplômés, précise Evren Ors. La qualité de l’enseignement assure également une formation de haut niveau. Le réseau d’anciens élèves et les liens avec l’industrie permettent une adaptation constante aux évolutions du secteur. » Une capacité d’adaptabilité qui se retrouve également dans les universités, grâce notamment à leurs travaux de recherche. « Nous essayons autant que possible de mobiliser les résultats issus de la recherche pour les injecter dans nos formations, précise Elyes Jouini. Par exemple, le responsable de notre chaire Fintech dédiée notamment à la recherche sur les nouvelles technologies et la finance est également à la tête du master banque et finance de Paris Dauphine. Il met ainsi en lien les résultats de la recherche avec les formations dispensées au sein notamment de son master. »

«Nous essayons autant que possible de mobiliser les résultats issus de la recherche pour les injecter dans nos formations.»

Elyes Jouini professeur des universités, directeur ,  House of Finance Dauphine

De nouvelles exigences des employeurs concernant la tech

Si cette notoriété peut être une porte d’entrée pour l’accès à certains postes, notamment dans les très grandes entreprises, la haute fonction publique ou l’international, elle ne fait cependant pas tout. « D’ailleurs, les recruteurs ne demandent pas forcément une école ou un diplôme particulier, sauf s’ils viennent eux-mêmes de l’une de ces écoles, précise Aurélien Boucly. Il arrive en revanche plus fréquemment qu’on nous demande de chercher des candidats venant du top 10 de ces établissements. »

Surtout, les compétences concernant les nouvelles technologies sont très demandées. « Après la Covid-19, les entreprises cherchaient plutôt des candidats ayant suivi des parcours en alternance et qui soient directement opérationnels. Désormais, elles sont plus attentives à leurs compétences sur les nouvelles technologies et en particulier l’intelligence artificielle, la pensée critique, l’analyse financière, mais aussi sur les réglementations comme la CSRD », précise Marie-Hélène Pebayle. En effet, aujourd’hui certaines nouvelles technologies comme la blockchain, les cryptomonnaies ou encore l’intelligence artificielle révolutionnent par exemple les manières de faire de l’analyse financière. Au-delà de leurs compétences techniques métiers et de leur large culture en finance, les jeunes diplômés doivent donc désormais, et de plus en plus, faire preuve d’adaptabilité et d’agilité pour appréhender rapidement les innovations, et les prendre en considération dans leurs méthodes de travail. « A cet effet, les diplômés doivent disposer de bases solides de la pensée abstraite avec des connaissances théoriques pour avoir une intuition économique et financière leur permettant de comprendre les nouveaux enjeux que l’avenir apportera et prendre les bonnes décisions, poursuit Evren Ors. Une connaissance des méthodes et techniques appliquées au sein de l’industrie financière augmente les possibilités d’emploi dans un marché du travail très compétitif. Un apprentissage des nouvelles méthodes, comme celles des sciences des données appliquées à la finance, aide à mieux se préparer aux changements qui auront lieu prochainement. »

Des cursus évoluant au rythme des innovations technologiques

Face à ces besoins en nouvelles compétences, les écoles et universités font d’ailleurs certes évoluer leurs formations mais ouvrent également de nouveaux cursus, à l’instar des doubles diplômes HEC/X en data science. « Actuellement la principale évolution dans la demande des entreprises concerne la montée en puissance des compétences en science des données appliquées à la finance, poursuit Evren Ors. Notre double diplôme X-HEC en data et finance, en partenariat avec Polytechnique, a d’ailleurs vu ses effectifs passer de quelques étudiants à 20 étudiants en seulement deux ans. Une tendance qui ne s’est pas faite au détriment des diplômés du master in International Finance. » Les doubles diplômes en finance/ingénierie ou finance/affaire publique sont ainsi la voie royale pour intégrer des cabinets d’audit, occuper très rapidement un poste de responsable de filiale ou d’audit dans les directions financières. « Ils ouvrent également à des postes dans la haute fonction publique », précise Marie-Hélène Peybale. D’ailleurs, les doubles diplômes proposés par certaines institutions ont globalement la cote car, outre le contenu pédagogique très pointu de ces formations, certains permettent également aux étudiants de développer leurs soft skills et leur capacité à travailler en collaboration avec d’autres métiers. Attirer ces diplômés peut néanmoins avoir un coût pour l’entreprise. Selon la DFCG, un diplômé d’un double master ou sortant d’une très grande école peut en effet prétendre à un salaire de près de 20 % supérieur à un diplômé venant d’une école de commerce ou d’une université moins cotée.

Les MBA et Executive MBA français reconnus à l’international

Au-delà des masters finance en formation initiale, les entreprises plébiscitent également les candidats ayant suivi des MBA ou Executive MBA en finance. Selon le classement 2024 du Financial Time concernant les meilleurs Executive MBA dans le monde figurent ainsi ceux de l’ESCP Business School, de l’Insead, de Skema, d’HEC, de l’Essec, de l’Edhec ou encore de l’EM Lyon Kedge. Treize Executive MBA français figurent ainsi dans le top 100 de ce classement. D’autre part, l’Executive MBA Dauphine-PLS arrive en tête des meilleurs Executive MBA Part-Time du classement d’Eduniversal, devant ceux de l’INSEAD et d’HEC. « Ces programmes, comme l’Executive master in finance ou le GEMM finance d’HEC Paris s’adressent à des professionnels ayant déjà plusieurs années d’expérience, précise Imre Ignacio Szapary, business development manager pour les programmes en finance d’HEC Paris Executive Education. Ils permettent à des professionnels en fonction de rafraîchir et d’approfondir leurs connaissances pour ensuite occuper des postes à haute responsabilité, par exemple de CFO, CEO, ou encore de board member. »

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