Le cabinet d’audit et de conseil Mazars a décidé de faire confiance à l’intelligence artificielle pour ses recrutements. Grâce à l’outil CV Catcher et la mise en place d’un chatbot, les candidats sont directement présélectionnés avant tout entretien d’embauche. Mieux, ils sont même orientés vers les bonnes offres d’emploi correspondant à leur profil. Résultat : Mazars a augmenté son taux de candidatures de près de 50 % en 2019.
Fini les candidatures qui ne correspondent pas au profil recherché : l’heure est à l’intelligence artificielle dans les processus de recrutement. Il y a quelques mois, le cabinet d’audit et de conseil Mazars mettait en ligne sa solution de préqualification de candidatures, qui intervient en amont d’un premier entretien d’embauche.
«Dans un contexte où les candidats sont très courtisés et hyper-connectés, utiliser l’intelligence artificielle pour recruter nos futurs mazariens est un atout considérable», insiste Célia Lenormand, responsable marque employeur chez Mazars. Pour mettre en place cette innovation dans le monde du recrutement, le cabinet s’est allié avec le fournisseur de solutions numériques dans le domaine, Jobijoba. Cette start-up – qui propose elle aussi des offres d’emplois – commercialise, depuis deux ans et demi, l’outil SAAS «CV Catcher» couplé à un agent conversationnel en ligne, dit «chatbot pré-entraîné». Objectif : booster le nombre de candidatures reçues en aiguillant mieux les candidats.
«Au départ, nous avons développé cet outil pour notre société, témoigne Olivier Thomazo, directeur associé chez Jobijoba. Nous avions un million de connexions sur notre site et nos visiteurs avaient du mal à trouver les offres correspondant à leurs recherches. Nous avons donc eu l’idée de faciliter l’orientation des candidatures.» Ce nouveau service proposé aux recruteurs s’adresse à tous types de candidats : jeunes diplômés, juniors, expérimentés.
Un dialogue avec le candidat et une analyse du curriculum vitae en temps réel
Ainsi, pour candidater, rien n’est plus simple. Il suffit d’abord au postulant de télécharger son curriculum vitae (CV) sur l’espace de recrutement ou le site de carrière en ligne d’une entreprise qui intéresse le candidat. Vient ensuite la première étape durant laquelle le chatbot conversationnel entre en jeu pour pré-qualifier les profils en temps réels et répondre à toutes les questions que les candidats peuvent avoir en première approche. Celles-ci peuvent être très diverses. «Notre chatbot, nommé SAM pour Super Ascenseur Mazars, accueille le candidat sur le Messenger de Mazars carrières France ou sur le site mazarsrecrute.fr et discute avec lui, explique Célia Lenormand. Il peut par exemple demander si le candidat a plus ou moins d’un an d’expérience ou le type de contrat qu’il recherche.»
A l’issue de ce dialogue, l’outil CV Catcher, qui se base sur la reconnaissance d’écriture, prend le relais. Au cours de cette deuxième étape, celui-ci va analyser le CV en temps réel. «Grâce à l’analyse sémantique et à l’extraction des informations, CV Catcher va scanner le CV du candidat, détecter les mots-clés et faire matcher son profil à nos différentes offres», indique Célia Lenormand. En effet, le mariage de ces deux technologies et des réponses émises par les candidats associés à ses différentes expériences vont permettre à l’outil de préqualification de proposer instantanément toutes les offres, classées par pertinence et en adéquation avec les compétences du candidat. Ce dernier n’aura plus qu’à postuler en un clic à l’une d’entre elles, son CV ayant été préalablement enregistré. «Si cette solution facilite la candidature, elle simplifie aussi grandement la vie du recruteur car elle permet un tri des CV et les réattribue à la bonne offre, insiste Olivier Thomazo. Un gain de temps indéniable qui permet aux recruteurs de recevoir des candidatures plus pertinentes et d’améliorer leur vivier de candidatures déjà préciblées.» Depuis la mise en ligne de cette nouvelle solution de recrutement, le cabinet Mazars a amélioré son taux de candidature de 47,3 % en 2019.
Les processus de recrutement trop long rebutent les candidats
Si 82 % des candidats pensent qu’il est justifié de passer plusieurs entretiens d’embauche, deux sur trois pensent que les processus de recrutement s’étalent trop dans le temps, selon une étude sur les processus de recrutement réalisée par le cabinet Michael Page entre juin et septembre 2019 et portant sur 754 répondants. En conséquence, un candidat sur trois a déjà renoncé à un poste qui l’intéressait à cause de la longueur du processus et un sur deux a fait de même alors qu’il avait déjà passé trois entretiens ou plus ! Le développement des nouvelles technologies pourrait changer la donne, veulent croire les postulants. Ainsi, ils sont 63 % à vouloir pouvoir faire plus d’entretiens à distance (téléphone, Skype, etc.) et 57 % aimeraient avoir accès à de nouveaux outils plus interactifs (CV vidéo, tests de personnalité, etc.).
La lettre de motivation n’a plus la cote
- L’émergence de l’intelligence artificielle et des chatbots porte déjà un sérieux coup dur à l’intérêt de la lettre de motivation. Même pour les entreprises qui n’utilisent pas encore ces nouvelles technologies, la lettre de motivation traditionnelle, autrefois exigée lors d’un processus de recrutement, pourrait tout de même vivre ses dernières heures. C’est en tout cas ce qui se profile au sein du cabinet de recrutement Robert Half. Selon ce dernier, ce document, étant surtout le résultat d’un condensé de copier/coller d’idées trouvées sur Internet, n’est plus le reflet des attentes et des qualités des candidats. Une rédaction jugée donc comme une perte de temps d’autant que beaucoup de candidats, eux-mêmes, délaissent très souvent désormais les offres de poste nécessitant encore l’envoi d’une lettre de motivation.
- En revanche, les recruteurs de Robert Half préconisent de soigner le curriculum vitae car c’est ce document qui leur permet de détecter les informations essentielles à l’exercice d’un futur emploi.
- Une étude menée par l’université américaine de Yale auprès de 274 managers et recruteurs montre d’ailleurs que les recruteurs en apprennent davantage sur un candidat en discutant directement avec lui plutôt qu’en lisant sa lettre de motivation.