Evaluation

Comment tirer profit de votre entretien annuel

Publié le 12 décembre 2014 à 15h14    Mis à jour le 12 janvier 2015 à 12h05

Alexandre Rajbhandari

Les entreprises continuant à surveiller de près l’évolution de leur masse salariale, les professionnels de la fonction finance vont devoir faire preuve de conviction pendant leur entretien annuel d’évaluation cette année. Si les augmentations ne seront pas systématiques, ils pourraient toutefois bénéficier d’autres compensations non monétaires.

Alors que les entretiens annuels débutent dans les entreprises, aucune évolution majeure n’est à attendre des collaborateurs des directions financières. En effet, confrontées à un environnement économique toujours peu porteur en France, et à une inflation durablement basse au sein de la zone euro, les entreprises continuent de limiter l’évolution de leur masse salariale. Par conséquent, si les cadres financiers devraient bénéficier d’une augmentation de salaire, elle restera dans la lignée de celle des années précédentes. «D’après nos prévisions, les collaborateurs de directions financières devraient bénéficier d’une hausse de leur rémunération fixe identique à celle que nous avons pu observer l’année dernière, c’est-à-dire entre 2,4 % et 2,5 % environ», détaille Jean-Philippe Gouin, directeur capital humain chez Deloitte. Un rythme plus élevé que pour les autres départements de l’entreprise. «Globalement, nous prévoyons une hausse de 2 % de la masse salariale cette année, toutes fonctions et secteurs confondus», poursuit Jean-Philippe Gouin.

Toutefois, ces augmentations ne devraient pas concerner l’ensemble des collaborateurs des directions financières. Cette année encore, ces dernières devraient faire plus d’efforts envers les auditeurs internes et les consolideurs, qui restent difficiles à recruter et à fidéliser. Mais si tous les professionnels de la fonction finance ne verront pas leur rémunération fixe augmenter, ils peuvent tout de même espérer d’autres compensations financières. «En effet, à défaut d’augmenter les rémunérations fixes à un rythme plus rapide, les entreprises pourraient attribuer à leurs salariés des bonus plus conséquents», explique Jean-Philippe Gouin. Une solution qui permet aux entreprises, dans un contexte d’incertitude économique, de ne pas prendre d’engagement quant à la progression de leur masse salariale sur le long terme.

Savoir présenter son bilan

Pour mettre toutes les chances de son côté, il convient de bien préparer son entretien en amont. «Préparer son argumentaire permet de limiter les imprévus, et d’éviter de céder à l’émotion pendant l’entretien», conseille Bruno Fadda, directeur chez Robert Half France. Dans un contexte où les entretiens annuels deviennent de plus en plus systématiques dans les entreprises, tous les salariés doivent se sentir concernés. «Les critères d’évaluation se standardisent, les collaborateurs sont de plus en plus souvent notés, explique Olivier Brzakowski, partner chez Michael Page. Il faut donc, dans ce cadre, pouvoir présenter des faits tangibles à ses supérieurs.» Surtout, dans un contexte de maîtrise de la masse salariale, les collaborateurs doivent convaincre leurs supérieurs en s’appuyant sur des données chiffrées. «Il est généralement nécessaire de consacrer entre une et deux heures pour préparer un exposé de son bilan, conseille Bruno Fadda. En effet, il faut pouvoir valoriser tout ce que son travail a apporté à l’entreprise, qu’il s’agisse d’actions menées au quotidien ou de projets ponctuels de plus grande envergure.» Par exemple, un contrôleur de gestion peut mettre en avant l’amélioration d’une marge, un directeur financier l’amélioration du BFR…

Le plus simple, pour s’auto-évaluer, reste de comparer ses performances avec les objectifs fixés l’année précédente. Toutefois, dans certains cas, cet exercice s’avère compliqué. «Souvent, les fonctions finance sont en charge de vastes projets qui ne sont pas forcément accompagnés d’objectifs chiffrés, admet Bruno Fadda. Par exemple, le succès de la mise en place d’un ERP demeure difficilement quantifiable. Il faut cependant s’efforcer le plus possible de trouver un moyen de prouver la qualité de son travail.»Mais s’il est important de mettre en avant ses accomplissements et ses points forts, il ne faut pas non plus négliger ses échecs. «Tenter de dissimuler ses erreurs n’est pas une bonne stratégie, estime Bruno Fadda. Les cadres de direction financière ont tout intérêt à assumer leurs erreurs, les identifier, les expliquer, puis à proposer des solutions et des pistes de réflexion pour qu’elles ne se reproduisent pas l’année suivante.»

En préparant leur entretien de la sorte, les collaborateurs des directions financières peuvent espérer obtenir, à défaut d’une augmentation de leur salaire, une meilleure reconnaissance de leur travail. Par exemple, un cadre financier qui a piloté un projet ponctuel avec succès pourra voir ses accomplissements valorisés en interne, à travers une mise en avant dans des newsletters. Une façon de lui permettre de gagner en influence dans la société. «De la même manière, un salarié qui a su faire ses preuves pendant l’année peut être invité au sein de cercles privilégiés, illustre Jean-Philippe Gouin. Il peut par exemple être convié à participer à des déjeuners avec les dirigeants de l’entreprise, ce qui peut lui ouvrir de nouvelles perspectives.»

Faire part de ses aspirations

Mais les entretiens annuels ne sont pas seulement l’occasion de faire le point sur les performances des collaborateurs de l’année passée, ils permettent également à ces derniers de se projeter dans l’avenir. Or, cette année, les aspirations sont nombreuses. Selon les professionnels du recrutement, les cadres de directions financières, après être restés plusieurs années au même poste, commencent à réfléchir davantage à leur évolution. Le suivi d’une formation peut constituer une première étape. En 2014, 24 % des directeurs financiers, 36 % des contrôleurs de gestion et 41 % des trésoriers souhaitaient en effet en bénéficier davantage, selon le baromètre que viennent de mener Michael Page, la DFCG, l’AFTE et Option Finance. Ces derniers peuvent donc profiter de ce tête-à-tête avec leurs supérieurs pour faire part de leurs attentes.

De la même manière, les salariés peuvent également présenter pendant leur entretien leurs velléités d’évolution au sein de l’entreprise.«En effet, ils ont rarement l’occasion au quotidien d’évoquer avec leurs supérieurs leurs perspectives d’évolution, signale Olivier Brzakowski. L’entretien annuel est donc le moment ou jamais de parler ouvertement des responsabilités que l’on souhaite prendre au sein de sa direction, ou bien même de sa volonté de changer de poste.» Une discussion très appréciée des employeurs, car ces derniers cherchent à avoir une vision à moyen terme de la gestion de leurs équipes. Surtout, contrairement aux négociations salariales, ce sujet de conversation n’a aucun impact à court terme sur le budget de la direction financière !

Les entretiens annuels évoluent

-    Si l’entretien annuel demeure une étape incontournable, sa nature a tendance à changer dans le temps. «Nous observons que de plus en plus d’entreprises réalisent plusieurs entretiens tout au long de l’année, au lieu d’un seul», explique Jean-Philippe Gouin, directeur capital humain chez Deloitte. Soit elles le font de manière régulière, tous les trimestres par exemple, soit elles profitent de la fin d’un projet ponctuel pour en évaluer le succès et la part prise par le salarié.

-    La pratique d’évaluations régulières a tendance à se révéler bénéfique pour les salariés. «En étant évalué juste après la réalisation d’une mission, un collaborateur est jugé uniquement sur sa performance dans ce cadre, explique Jean-Philippe Gouin. Or lors d’un entretien annuel, qui couvre toutes les réalisations de l’année, le jugement de l’employeur peut être influencé par des événements plus récents, qui ne sont pas toujours à l’avantage du collaborateur.»

-    En outre, réaliser les évaluations au fil de l’année permet de consacrer l’entretien de fin d’année à d’autres considérations, comme les opportunités d’évolution des collaborateurs. «Dans ce cadre, ces derniers peuvent davantage exprimer leurs attentes d’évolution ou de formation, qui sont parfois mal entendues lors d’entretiens annuels classiques», explique Jean-Philippe Gouin.

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