Les professionnels au sein des directions financières ont régulièrement besoin d’approfondir leurs connaissances sur plusieurs sujets. Si certaines formations classiques restent recherchées, d’autres sont désormais plébiscitées afin de répondre aux évolutions de l’environnement réglementaire, économique et surtout technologique.
En moyenne, les entreprises consacrent deux semaines par an et par collaborateur à la formation professionnelle», relève Dai Shen, directeur général de Demos.
Un constat qui se retrouve également au sein des directions financières. Les professionnels qui y travaillent sont en effet concernés par ce perfectionnement des connaissances, qui passe par l’e-learning, mais aussi par des cours en présentiel (voir encadré). «Les directions financières font appel à nos services de formation lors d’une mobilité en interne, d’un recrutement, mais également pour se perfectionner sur un sujet particulier», indique Bruno Bachy, responsable de l’expertise finance chez Cegos. Face aux nombreuses attentes, les organismes offrent une diversité de sujets. «Au sein de l’association des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG), nous avons un catalogue de plus de 90 formations très spécifiques : pilotage, processus, évaluation, trésorerie, fiscalité, comptabilité, etc.», illustre Isabelle Crouzille, présidente du centre de formation de la DFCG. Difficile donc de s’y retrouver parmi l’ensemble des offres disponibles.
Des thèmes qui perdurent
Néanmoins, plusieurs d’entre elles se retrouvent chaque année au sein des enseignements requis par les directions financières. Par exemple, historiquement, les contrôleurs de gestion ont régulièrement des besoins de formation. «Ils sont constamment amenés à revoir leur façon de travailler, notamment sur l’utilisation des tableaux de bord et ils doivent s’adapter aux évolutions de leur positionnement dans l’entreprise et des outils de gestion avec une digitalisation très marquée actuellement», précise Isabelle Crouzille. Mais plusieurs thèmes non spécifiques à une profession reviennent en permanence. «Les techniques d’élaboration budgétaire, la gestion de trésorerie et l’évaluation d’entreprise sont des fondamentaux qui se retrouvent systématiquement dans notre top 10», poursuit Isabelle Crouzille. Outre ces bases financières qui nécessitent d’être mises à jour fréquemment, les directions financières doivent aussi continuer à rester informées sur certains sujets d’ordre fiscal.«La TVA fait systématiquement partie des formations les plus demandées, car ce sujet concerne la majorité des personnes travaillant au sein des directions financières», précise Bruno Bachy.
En dehors de ces thèmes structurels, certaines demandes des directions financières sont davantage liées au contexte notamment réglementaire. «Cette année, les directions financières nous ont régulièrement sollicités pour les former sur les changements de normes comptables, notamment IFRS 16 (comptabilisation des locations) et IFRS 9 (instruments financiers), poursuit Bruno Bachy. Par ailleurs, le dispositif anti-corruption de la loi Sapin 2 fait également partie des sujets réglementaires sur lesquels les directions ont besoin de précisions.»
Outre ces problématiques réglementaires, le contexte économique influe également sur le contenu des enseignements. «Le Brexit, les tensions inflationnistes et les risques géopolitiques ont renforcé les besoins de formation autour des politiques de change au sein des directions financières», souligne Marc Forot, associé banque-assurance chez Demos. Ces formations permettent ainsi de répondre aux inquiétudes des entreprises.«Dans une période où les marges demeurent faibles, nous constatons une hausse de la demande des directions financières sur les thématiques de constitution des provisions et des anticipations économiques», note Dai Shen.
Des enseignements digitaux
En dehors de ces problématiques comptables et financières plutôt classiques, de nouveaux sujets font peu à peu leur apparition dans le cadre des formations professionnelles. Parmi elles, celles dédiées aux évolutions technologiques sont en plein essor et attirent de plus en plus les financiers. «Plusieurs nouvelles thématiques intéressent fortement les directions financières, comme par exemple les nouvelles formes de transactions financières (e-paiement, monnaies électroniques, blockchain, etc.), relève Marc Forot. Nous constatons aussi des évolutions de la demande sur les enseignements “digitaux”. Les formations en intelligence artificielle sont en forte croissance, alors que celles basées sur le cloud (outil de stockage informatique simplifiant le partage d’information), qui ont été très sollicitées ces dernières années, sont en léger recul.»
En outre, les demandes des directions financières se tournent de plus en plus vers des aspects non financiers. «Nous constatons une demande de plus en plus forte des tutoriels axés sur l’apprentissage à gérer ses équipes», complète Marc Forot. Les spécialistes des formations professionnelles s’adaptent donc constamment pour répondre aux souhaits des directions financières. «Nous sommes en train de développer de nouveaux parcours pour accompagner la transformation des entreprises, que nous proposerons à la prochaine rentrée, indique Isabelle Crouzille. Par exemple, les comptables qui deviennent trésoriers ou contrôleurs de gestion du fait de la sophistication croissante des outils et de la promotion interne disposeront de formations spécialisées.»
Ce besoin de meilleur compréhension des enjeux, qu’ils soient financiers ou même globaux, semble faire des émules. En effet, de plus en plus d’entreprises requièrent des formations en finance pour leurs services non financiers. Leur but consiste à faire adhérer leurs collaborateurs au résultat de l’entreprise. «Nous recensons également des besoins sur les fondamentaux (mise en place d’un business plan, lecture de bilan, etc.) et le pilotage financier à destination des équipes non financières, note Isabelle Crouzille. La composante financière des stratégies d’entreprise est majeure : tout dirigeant, y compris de business unit, doit en maîtriser les enjeux.» Une demande qui laisse place à des initiatives originales. «Nous avons récemment été sollicités pour créer un “Toeic” financier, afin que les managers (hors directions financières) valident un niveau de compétence en finance», illustre Bruno Bachy. De quoi agrandir les catalogues des fournisseurs de formation !
Une évolution des formats d’apprentissage
- Depuis plusieurs années, les formations étaient principalement proposées sous format d’e-learning. Mais l’attrait des directions financières pour ce format diminue. «Les formations en présentiel ont repris le dessus sur celles en e-learning, constate Bruno Bachy, responsable de l’expertise finance chez Cegos. Les durées de formations en e-learning se sont réduites.»
- En effet, plusieurs inconvénients sont avancés. «L’e-learning demande du temps aux collaborateurs et beaucoup d’entre eux ne vont pas au terme de leur parcours s’ils ne sont pas accompagnés», précise Dai Shen, directeur général de Demos.
- Cette évolution répond également à la volonté des salariés de passer par d’autres formats. «Les collaborateurs ont besoin d’échanges avec des professionnels et préfèrent les mises en situation en petits groupes animées par des professionnels», souligne Isabelle Crouzille, présidente du centre de formation de la DFCG.