Aidé dans sa tâche par le développement de l’informatique, le directeur comptable voit sa fonction évoluer vers davantage d’encadrement. La communication avec les interlocuteurs internes et externes du groupe prend également une place croissante dans ses missions.
Responsable de la production des chiffres sur lesquels reposent certaines décisions stratégiques de l’entreprise, le directeur comptable constitue un élément clé de la direction financière. Ces profils vont donc continuer à être recherchés cette année. «Les domaines qui présentent le plus de demandes sont ceux qui subissent des phases de consolidation, comme le marché des établissements médicaux ou des services, indique Johann Van Nieuwenhuyse, directeur senior chez Michael Page. Mais tous les secteurs se montrent assez actifs en termes de recrutement pour ce poste.» Ces niveaux dynamiques se maintiennent grâce à une importante rotation de personnel parmi les métiers comptables. Selon une étude Michael Page-DFCG-Option Finance, près de la moitié (42 %) des directeurs financiers ont en effet recruté de nouveaux collaborateurs au sein de leurs équipes comptables en 2012, dont un quart sur les seuls postes de directeurs ou de responsables comptables ! «Les recrutements proviennent généralement de départs à la retraite ou de remplacements motivés par une augmentation du niveau d’exigence de l’employeur», explique Marina Baillon, directrice associée du cabinet de recrutement Robert Walters, en charge des divisions Finance et IT. Ainsi, même si les créations de postes sont rares, ce marché de renouvellement conserve une activité récurrente soutenue.
Compte tenu de la complexité de l’environnement réglementaire de la comptabilité, ce métier fait encore la part belle aux candidats spécialisés, maîtrisant un socle assez large de connaissances, allant des problématiques de consolidation et de retraitement comptables aux normes IFRS. En outre, les candidats qui ont participé à des opérations spécifiques de haut de bilan (rachat, fusion, cession), ou de changement de normes, possèdent toujours un avantage par rapport à la concurrence. «Les entreprises changent parfois de directeur comptable parce qu’elles doivent faire face à de nouvelles problématiques, explique Johann Van Nieuwenhuyse. Elles recherchent alors un professionnel qui y a déjà été confronté.»
Un manager, expert en gestion de projet
Mais au-delà de la maîtrise des règles de traitement comptable, émergent d’autres compétences techniques de plus en plus appréciées des recruteurs. Les systèmes d’information, l’automatisation des outils informatiques ou les nouveaux modes de paiement (vente par Internet, cartes dématérialisées ou transactions mobiles par exemple) ont ainsi fait évoluer ce métier de manière significative au cours des quinze dernières années.
«Nous devons dorénavant nous connecter au site web de nos différents partenaires ou fournisseurs pour récupérer nos factures ou le détail de nos opérations, car les entreprises dématérialisent de plus en plus leurs documents», illustre Laurent Le Clair, directeur des comptabilités hôtelières d’Accor France. Ces nouvelles pratiques nécessitent donc une très bonne maîtrise de l’utilisation d’Internet mais également des tableurs (comme Excel) ou des outils de reporting. «Le candidat ayant déjà vécu une implémentation de système d’information financier possède un véritable plus», confirme ainsi Johann Van Nieuwenhuyse.
Toutefois, la principale qualité recherchée à l’heure actuelle n’est pas technique. «Le directeur comptable est en général entouré de collaborateurs qui possèdent les compétences informatiques, comptables ou réglementaires nécessaires à la réalisation des tâches quotidiennes. Ce qui compte avant tout, ce sont ses qualités d’animation d’équipe», juge Laurent Le Clair, qui dirige aujourd’hui près de 180 personnes. Les cabinets de recrutement ont donc fait évoluer leurs critères de recherche en fonction des évolutions de la fonction de directeur comptable. «Avec la recrudescence des projets de dématérialisation de factures ou de mise en place d’ERP, les tâches se sont fortement automatisées, pointe Sylvie Haldi, senior manager de Robert Half Finance et Comptabilité. En revanche, les entreprises ont besoin de personnes pour accompagner leurs équipes et conduire ces projets de transformation.» En outre, alors que le métier pouvait auparavant s’exercer de manière relativement isolée, la fonction se trouve aujourd’hui interconnectée avec l’ensemble des interlocuteurs internes (opérationnels, juristes, financiers ou informaticiens) mais également externes à l’entreprise (commissaires aux comptes, banques, administration fiscale, etc.). Le directeur de la comptabilité doit donc désormais faire preuve de bonnes compétences relationnelles.
Un attrait croissant pour les expériences internationales
En revanche, ces nouvelles exigences n’ont pas modifié les attentes des entreprises en matière de formation des candidats. Le directeur comptable reste en général issu d’une école de commerce, voire d’une formation universitaire en comptabilité, assortie d’un diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG) ou d’expertise comptable (DEC).
Mais avant de pouvoir prétendre à ce type de poste, entre 10 et 15 ans d’expérience minimum sont nécessaires. Pour les recruteurs, le parcours idéal comprend d’abord un passage en cabinet d’audit ou d’expertise comptable d’au moins cinq ans. «Une expérience préalable en cabinet est extrêmement formatrice car ces années permettent de rencontrer une grande variété de problématiques comptables dans de nombreux secteurs d’activité», explique Laurent Le Clair. Ce parcours peut ensuite être complété par un premier poste en entreprise, en consolidation ou en contrôle financier notamment, afin d’appréhender la réalité de l’activité. «Seule l’expérience opérationnelle en entreprise permet d’acquérir une dimension de management, de conduite et de suivi de projet», ajoute Marina Baillon. Seule nouveauté, avec la multiplication des projets réalisés dans un environnement international, les exigences linguistiques et multiculturelles se sont fortement renforcées. Une expérience à l’étranger est donc de plus en plus valorisée.
Un renforcement progressif des champs d’intervention
En termes d’évolution, si le passage vers des fonctions de directeur de consolidation, de contrôle de gestion voire de fiscalité est parfois possible, avant d’accéder éventuellement à un poste de directeur financier, les spécialistes du recrutement s’accordent à dire que ces mouvements restent rares. «Le directeur comptable demeure encore plutôt perçu comme un technicien, estime Sylvie Haldi. Cependant, s’il a su se distinguer dans le cadre d’un projet interne du groupe, il peut postuler à ce type de responsabilité.» En dehors de ces exceptions, les évolutions se font le plus souvent à fonction équivalente. «Les directeurs comptables enchaînent plusieurs postes dans des entreprises différentes afin de se confronter à de nouvelles problématiques», explique Johann Van Nieuwenhuyse. La progression de leurs responsabilités se mesure ainsi plutôt en termes d’importance de l’entité, d’équipe à diriger, ou de périmètre (consolidation ou paie par exemple).
Les rémunérations dépendront bien sûr de l’ampleur des missions qui seront confiées au directeur comptable mais surtout de la taille de l’entreprise dans laquelle il exercera. «Les salaires fixes s’élèvent au minimum à 70 000 euros annuels dans une grosse PME, mais se situent le plus souvent entre 110 000 et 150 000 euros, voire plus dans les groupes du CAC 40», observe Johann Van Nieuwenhuyse. A ces montants, vient en général s’ajouter une part variable qui peut atteindre environ 10 % à 15 %, en fonction des résultats financiers du groupe et d’objectifs personnels comme la réussite du déploiement d’un ERP ou la bonne gestion d’un contrôle fiscal par exemple. «Cependant, lorsqu’elles ont de très gros projets à mettre en place, les grandes entreprises se donnent les moyens de recruter et peuvent êtres plus souples sur les niveaux de salaires proposés», observe Sylvie Haldi. Des offres qui s’adresseront en priorité aux profils les plus expérimentés, capables de rassurer les entreprises par rapport à l’importance de ces chantiers de transformation.