Jeunes diplômés

Les profils ciblés par les directions financières en 2015

Publié le 10 avril 2015 à 15h53

Alexandre Rajbhandari

Selon les cabinets de recrutement et les responsables de formation financière, les recrutements de jeunes diplômés devraient rester soutenus au sein des directions financières. Les profils issus d’écoles de commerce ou titulaires de diplômes comptables ont la cote.

A en croire les cabinets de recrutement, les directions financières devraient continuer de se tourner vers les jeunes diplômés pour renforcer leurs équipes. D’ailleurs, pour certaines fonctions de directions financières, comme la comptabilité et le contrôle de gestion, ces candidats qui ont tout juste quitté les bancs de l’école constituent un vivier privilégié. Ces propos confirment une tendance identifiée par le baromètre des fonctions finances réalisé par Michael Page, l’Association des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprises (AFTE) et Option Finance fin 2014, au sujet des fonctions comptables et des fonctions de contrôle de gestion.

En effet, les jeunes diplômés représentaient alors 20 % des nouveaux comptables en entreprises, et 21 % des contrôleurs de gestion récemment recrutés. Or, compte tenu de l’expérience professionnelle limitée voire inexistante, la formation suivie est déterminante dans les choix des recruteurs. «Or, selon les postes à pourvoir au sein d’une même direction financière, les recruteurs ont des attentes très différentes en termes de formation», précise Guilhem Jeannin, executive manager chez Michael Page.

Des profils généralistes pour les contrôleurs de gestion

Les professionnels du recrutement constatant peu de nouveautés en matière de formation, sauf dans le secteur bancaire (voir encadré), les critères de sélection restent, dans l’ensemble, identiques à ceux des années précédentes. Ainsi, pour les métiers de contrôle de gestion, les sociétés cherchent principalement des profils issus d’écoles de commerce généralistes, ou de parcours universitaires en économie et gestion. Les enseignements dispensés dans ces établissements permettent d’avoir une vision globale sur la stratégie des entreprises, ce qui est nécessaire pour comprendre et piloter les différents indicateurs de gestion d’une entreprise.

A diplôme équivalent, la réalisation d’un stage en finance constitue toutefois un atout supplémentaire. «Les entreprises privilégient logiquement les candidats qui ont déjà réalisé des stages en direction financière ou en cabinet d’audit, explique Sylvie Haldi, senior manager de Robert Half finance et comptabilité. Ils ont déjà été confrontés à des problématiques de terrain, et disposent d’un bagage technique qui peut être très utile pour bien s’intégrer à une direction financière.»

Des diplômes spécifiques pour les métiers de la comptabilité

En revanche, pour les postes de comptables, les recruteurs recherchent des diplômes plus spécifiques. «Les postes en comptabilité requièrent de travailler sur des sujets qui ne sont pas abordés de façon approfondie dans les parcours généralistes, explique Guilhem Jeannin. A ce titre, pour les métiers comptables, les directions financières se focalisent principalement sur des profils issus du cursus d’expertise comptable.» Il s’agit classiquement du diplôme de comptabilité et de gestion (DCG) obtenu au niveau licence, et le diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG) correspondant au grade de master.

Un diplôme est de plus en plus prisé : le diplôme d’expertise comptable (DEC). Ce dernier, qui correspond à un doctorat, est très exigeant : il nécessite, en plus d’avoir validé des examens, d’avoir effectué un stage de trois ans en cabinet d’expertise comptable, et d’avoir soutenu un mémoire. «C’est un diplôme encore très reconnu, et qui est réputé de très bon niveau au regard des diplômes d’expert-comptable étrangers», rappelle Guilhem Jeannin. Si ces profils sont principalement recherchés, c’est également parce que les titulaires de ce diplôme ont une vision plus large de la fonction comptable et financière.«Ces professionnels ont des capacités qui vont au-delà de la simple comptabilité, estime Guilhem Jeannin. Non seulement, ils sont garants de la fiabilité et de l’exactitude des états financiers et des comptes, mais ils peuvent également participer à la stratégie financière de l’entreprise.» Une qualité particulièrement appréciée par les recruteurs, car la vision de ces professionnels dépasse le seul cadre de la saisie des chiffres.

Les profils à double compétence privilégiés

Cette recherche de candidats polyvalents dépasse la seule sphère comptable. En effet, les profils qui bénéficient de plusieurs compétences tirent, dans l’ensemble, leur épingle du jeu auprès des directions financières d’entreprises. «Les recruteurs sont particulièrement sensibles aux doubles compétences», confirme Guilhem Jeannin. C’est notamment le cas des profils ingénieurs. «Les diplômés d’écoles d’ingénieurs qui ont également la casquette de gestionnaire, avec un master spécialisé d’école de commerce par exemple, sont appréciés des directions financières, poursuit Guilhem Jeannin. En effet, les recruteurs les considèrent a priori comme étant plus à l’aise avec les métiers de chiffres, et comme ayant une bonne compréhension des processus opérationnels et industriels.»

Outre des compétences purement financières, ce profil de candidats à double compétence présente surtout l’avantage d’être plus installé dans l’entreprise. «En effet, ils cherchent généralement à faire leurs preuves pendant plusieurs années dans les fonctions support comme la finance, avant d’intégrer ensuite des métiers plus opérationnels», explique Sylvie Haldi. Cette volonté de progression en interne peut donc se traduire par une fidélité plus forte à la direction financière. Un gage de stabilité qui n’est pas négligeable pour les entreprises. En effet, selon le baromètre 2014 des fonctions finance de Michael Page, la DFCG, l’AFTE et Option Finance, les fonctions comptables et les fonctions de contrôle de gestion étaient celles pour lesquelles les directeurs financiers avaient le plus de mal à fidéliser leurs talents en 2014.

Les banques se tournent vers des profils plus techniques

  • Les jeunes diplômés sont également au centre de l’attention des banques de financement et d’investissement. Ces dernières, après avoir subi de plein fouet la crise financière, reprennent timidement les recrutements de candidats au sortir de l’école. «Alors qu’en 2013, seulement 50 % de nos étudiants avaient déjà trouvé un emploi lors de la remise des diplômes, on n’en comptait pas moins de 65 % l’année dernière», indique Philippe Marillat de Mercières, responsable du pôle des mastères spécialisés d’ingénierie financière et de quantitative finance à l’EM Lyon.
  • A la différence des directions financières, les banques se focalisent davantage sur les candidats issus de formations plus techniques, comme des masters spécialisés en finance de marché ou en ingénierie financière. «Ce sont des programmes qui permettent d’accéder aux postes de finance de marché, notamment en front office», explique Michel Baroni, responsable pédagogique du mastère spécialisé en technique financière de l’Essec.
  • Ces formations constituent également des viviers de candidats intéressants pour les postes de risk management. Un domaine de plus en plus important pour les établissements bancaires français. En effet, depuis la crise financière, ceux-ci cherchent davantage à contrôler les outils et les modèles développés par les traders en salle de marché. Un métier qui intéresse les jeunes diplômés. «Alors que nos étudiants ne visaient pas ce métier avant la crise, il attire désormais environ 15 % de nos diplômés», explique Michel Baroni. S’il peut paraître étonnant de confier cette tâche à des jeunes diplômés, ces derniers sont à l’inverse, les mieux à même d’en assumer la responsabilité. «En effet, ces fonctions nécessitent de travailler avec des modèles financiers qui sont tout juste issus de la recherche académique, explique Philippe Marillat de Mercières. Les jeunes diplômés sont de ce fait avantagés, car, généralement, ils viennent de les étudier.»
  • Toutefois, les jeunes diplômés attirés par la banque vont encore très souvent à l’étranger. «Sur l’ensemble des diplômés de nos promotions, près des deux tiers partent à Londres, à Hong Kong ou à Singapour pour leur premier emploi, estime ainsi Michel Baroni. Une proportion qui n’a fait que croître ces dernières années.» La finance française peine encore à absorber le flux de diplômés du pays.

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