Cette année, les trésoriers n’ont pas obtenu de revalorisation salariale très intéressante, cette dernière étant limitée à 1,8 %. Cette tendance ne pèse toutefois pas sur leur taux de satisfaction, qui reste le plus élevé des fonctions finance.
La progression des rémunérations des trésoriers, déjà faible l’année dernière, est restée timide en 2015. Ainsi, alors que le salaire fixe brut moyen des trésoriers s’élevait à 73 000 euros bruts annuels en 2014, il s’est établi à 74 000 euros cette année, selon le baromètre des rémunérations des fonctions finance réalisé par Michael Page, l’Association françaises des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (IFACI), l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), et Option Finance auprès de 101 professionnels. Une légère progression qui ne reflète pas une réelle augmentation des salaires de la profession.
«En effet, cette année, nous n’avons pas observé d’augmentation substantielle des salaires proposés par les employeurs à la recherche de trésoriers», observe Mikaël Deiller, manager exécutif senior chez Michael Page. Ce phénomène s’explique principalement par le fait que le marché du travail pour ces professionnels n’est pas particulièrement tendu. «Certes, ces profils sont en nombre restreint, et demeurent relativement rares, reconnaît Mikaël Deiller. Toutefois, comme la demande est stable pour de tels postes, le salaire moyen de la profession n’a pas vocation à progresser outre mesure.»
Des rémunérations fixes hétérogènes
Autre signe que la rémunération de ces professionnels n’a pas significativement augmenté par rapport à l’année dernière, la répartition détaillée du nombre de trésoriers selon les différentes tranches de rémunération n’a pas substantiellement changé en un an. En effet, leurs rémunérations demeurent particulièrement hétérogènes : la proportion des trésoriers qui gagnent moins de 50 000 euros bruts par an (29 %) est quasiment similaire à la part de ceux qui sont rémunérés entre 50 000 euros et 70 000 euros (33 %), ou entre 70 000 euros et 150 000 euros (33 %). «Cette répartition s’explique par le fait que le titre de trésorier recouvre des réalités très différentes d’une entreprise à une autre, explique Mikaël Deiller. Ainsi, alors que certains professionnels peuvent être en charge notamment des financements, des investissements, du credit et du risk management, d’autres, comme les trésoriers de filiales ou de PME indépendantes, s’occupent essentiellement de la gestion quotidienne de la trésorerie et du pilotage du BFR, le directeur financier gardant la main sur les opérations plus complexes.»
Outre l’étendue de leurs responsabilités, le fait que leur société soit cotée ou non semble également influer significativement sur leur rémunération. Alors que les trésoriers dans l’ensemble ne sont que 12 % à gagner moins de 40 000 euros bruts par an, cette proportion grimpe à 19 % parmi les trésoriers d’entreprises non cotées. En parallèle, alors que 6 % de ces professionnels sont rémunérés entre 125 000 euros et 150 000 euros, les trésoriers d’entreprises cotées sont 12 % dans cette situation. «Ce phénomène s’explique principalement par le fait que les problématiques de trésorerie de ces sociétés sont plus complexes, et que les arbitrages que doivent réaliser les trésoriers ont plus d’impact sur le résultat de la société, commente Mikaël Deiller. Leur responsabilité est donc plus importante que celle de leurs confrères travaillant pour des entreprises non cotées.»
Des augmentations en baisse
Mais quel que soit le niveau de leur salaire, les trésoriers qui ont bénéficié d’une augmentation en 2015 voient celle-ci se replier par rapport à 2014. En effet, l’augmentation moyenne de la profession ne s’élève plus qu’à 1,8 %, contre 2,1 % l’année dernière. Parmi les trésoriers qui ont bénéficié d’une augmentation (63 %), la baisse est encore plus marquée : l’augmentation moyenne est désormais de 2,9 %, contre 3,5 % un an plus tôt. «Ce phénomène n’est pas très étonnant, estime Mikaël Deiller. En effet, les responsabilités des trésoriers au sein d’une direction financière ne sont pas extensibles. Ces derniers ne disposent donc pas de nombreux leviers pour justifier une augmentation significative d’une année sur l’autre.»
De la même manière, la part de rémunération variable moyenne des trésoriers cette année n’a pas significativement augmenté par rapport à l’année dernière : elle est passée en un an de 9,1 % de leur rémunération fixe à 9,8 %. «Cette augmentation, inférieure à 1 point de pourcentage, est trop faible pour avoir un réel impact sur les rémunérations globales des trésoriers», regrette Mikaël Deiller.
Une forte satisfaction de la profession
Néanmoins, force est de constater que, malgré cette hausse timide, les rémunérations variables des trésoriers demeurent plus généreuses que celles des autres professionnels de la direction financière. En effet, la part de rémunération variable des auditeurs internes n’est que de 7,6 %, tandis que celle des contrôleurs de gestion s’élève seulement à 6,7 %. Un avantage salarial d’autant plus significatif que leur salaire fixe est également plus important. «Cette situation peut en partie s’expliquer par le fait que certaines de leurs responsabilités, comme la négociation des frais bancaires, les prises de décision d’investissement ou de placement, sont beaucoup plus facilement quantifiables que celles d’autres fonctions finance», souligne Mikaël Deiller. Relativement mieux rémunérés que les autres professionnels de la finance d’entreprise, les trésoriers d’entreprise semblent prendre leur mal en patience, et se contenter de leur situation actuelle. En effet, 80 % des trésoriers interrogés s’estiment satisfaits de leur poste, ce qui représente le taux de satisfaction le plus significatif de toutes les fonctions finance.
Un métier de spécialistes
La grande majorité des professionnels interrogés dans le cadre de ce baromètre (59 %) étaient déjà trésoriers avant d’occuper leur poste actuel. Et en ce qui concerne leur avenir, les trésoriers ne cherchent pas à quitter leur corps de métier : 52 % d’entre eux veulent devenir responsables ou directeurs de trésorerie.
Néanmoins, 29 % d’entre eux, soit une part non négligeable, souhaitent élargir leurs champs de responsabilités en devenant responsables administratifs et financiers. «Toutefois, rares sont les professionnels qui réussissent à opérer cette transition, nuance Mikaël Deiller. En effet, les trésoriers demeurent des spécialistes de la trésorerie, et n’ont pas forcément de légitimité concernant les autres champs de la fonction finance, comme la comptabilité et le contrôle de gestion. Ainsi, les employeurs privilégient d’autres professionnels plus généralistes.»
Une population qui devrait rajeunir
Les trésoriers d’entreprises sont des professionnels particulièrement expérimentés : 48 % des professionnels interrogés affichent plus de 16 années d’expérience sur la fonction finance d’entreprise.
Néanmoins, la population des trésoriers d’entreprises devrait être amenée à rajeunir dans les années à venir. «Le développement récent de parcours académiques dédiés à la discipline de trésorerie d’entreprise amène de jeunes professionnels à accéder plus directement à la fonction, explique Mikaël Deiller. Ces jeunes diplômés devraient donc pouvoir assumer des postes de responsables de la trésorerie plus tôt dans leur carrière que leurs aînés.»