Consolideur

Un profil difficile à trouver… et à fidéliser!

Publié le 2 octobre 2013 à 16h00    Mis à jour le 24 juillet 2014 à 15h52

Hafida Aboulouard

Pour dénicher un consolideur, les entreprises recrutent beaucoup dans les cabinets d’audit ou d’expertise comptable, mais également dans les autres sociétés. Mais après l’avoir recruté, elles doivent faire en sorte de conserver cet expert, rare et indispensable, qui souhaite souvent changer de secteur d’activité ou de fonction

Entreprise recherche consolideur désespérément ! Parmi l’ensemble des métiers de la direction fi nancière, ce dernier constitue en effet un profil constamment demandé, y compris en période de crise. «Le marché est traditionnellement tendu car cette fonction nécessite une expertise technique dont disposent peu de cadres financiers», témoigne Emmanuel Roger, directeur central consolidation, comptabilité et fiscalité de Bouygues SA. La préparation des comptes consolidés est en effet un métier d’expert qui demande une forte maîtrise des techniques comptables et des normes IFRS, ainsi que de très bonnes connaissances juridiques et fiscales… mais pas seulement.

«Le consolideur doit allier de solides compétences en communication mais aussi une parfaite maîtrise des systèmes d’information et de l’anglais, souligne Pierre-Edouard Chalet, consultant au sein du cabinet de recrutement Fed Finance. Les entreprises étant de plus en plus internationalisées, ce dernier doit en effet communiquer avec différents collaborateurs à travers le monde pour remonter les données.» 

Faire le choix de la mobilité interne

Pour occuper ces fonctions, les entreprises recherchent des cadres avec trois à quatre ans d’expérience dans un cabinet d’audit ou d’expertise comptable de taille suffi samment importante. Ils sont généralement titulaires d’un diplôme en comptabilité de type DSCG et diplômé d’une école de commerce.«Au minimum, le candidat doit avoir déjà audité des comptes consolidés afi n d’avoir une première approche du métier, souligne Emmanuel Roger. Il faut que ce cadre soit rigoureux, autonome et maîtrise les techniques comptables, car étant une petite équipe, nous ne disposons pas de suffi samment de temps pour former en même temps plusieurs personnes ayant un profil junior.» L’ensemble de ces prérequis fait que trouver un consolideur aujourd’hui est une mission délicate pour les directions financières.

Ainsi, pour pourvoir à ces postes les sociétés s’appuient sur la mobilité interne. «Nous privilégions le recrutement au sein de nos  équipes. Si un comptable, par exemple, souhaite évoluer vers cette fonction, il peut y accéder, indique Emmanuel Roger. Même une de mes assistantes, qui possède des connaissances en comptabilité, a fait le choix de développer ses compétences techniques en consolidation et suit actuellement des cours du soir pour décrocher un diplôme en comptabilité.» Mais, le plus souvent, les sociétés procèdent à des recrutements externes. Les cabinets spécialisés disposent en effet d’un important vivier de candidats.

«Nous suivons les consolideurs présents sur le marché, et qui, devenus plus expérimentés, souhaitent évoluer vers une autre société, soit plus grande, soit appartenant à un secteur d’activité différent », souligne Pierre-Edouard Chalet. Enfin, les réseaux sociaux professionnels tiennent également une place importante.«Les entreprises peuvent mener une veille sur Viadeo et LindkedIn par exemple qui permette d’entrer directement en contact avec les profi ls qui les intéressent ou encore consulter le site de l’Ordre des experts-comptables», poursuit Pierre-Edouard Chalet.

Offrir des perspectives d’évolution

Toutefois, il n’est pas forcément facile de convaincre un consolideur de rejoindre une nouvelle structure. La rémunération ne suffit pas à elle seule, malgré son niveau élevé. «Le salaire d’un consolideur est très attractif, conséquence directe de la rareté des profils», souligne Marina Baillon, senior manager chez Robert Walters. Ce dernier perçoit en moyenne un salaire annuel fixe compris entre 53 000 et 56 000 euros après trois à cinq ans d’expérience selon les recruteurs. Pour attirer les candidats, les entreprises doivent surtout leur proposer une réelle évolution de poste. «Il y a encore quelques années une personne que nous recrutions en consolidation avait souvent pour objectif de faire carrière dans ce métier, témoigne Emmanuel Roger. Aujourd’hui il s’agit de profils expérimentés issus de cabinets d’audit qui souhaitent évoluer au sein des groupes et passent par la consolidation pour avoir une vision globale de l’entreprise.»

Ces derniers restent deux à quatre ans dans cette fonction en moyenne.«C’est un métier assez routinier et très souvent sous pression, précise Laetitia Quatrevaux, manager senior chez Hays. Pour les plus jeunes, il s’agit clairement d’une étape. Mais les entreprises se sont adaptées et nous avons désormais moins de diffi cultés à convaincre les candidats, car la consolidation est véritablement devenue une fonction tremplin dans les grands groupes mais aussi les PME.»Un sentiment que partage l’ensemble des spécialistes interrogés. «Le département est de plus en plus considéré comme une pépinière de talents au même titre que l’audit, ajoute Marina Baillon. Les consolideurs ne sont plus pénalisés par une image de technicien ce qui était le cas encore récemment. Ces derniers peuvent ainsi évoluer plus facilement. Après trois à quatre ans, ils peuvent devenir contrôleurs financiers au sein d’une filiale par exemple.»

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