Les directions financières dans la crise

Une année 2020 record pour Desjoyaux

Publié le 19 février 2021 à 12h14

Propos recueillis par Alexandra Milleret

Alors que les commandes de piscines battaient déjà leur plein avant la crise sanitaire, le manque de visibilité sur l’évolution du virus n’a fait que renforcer cette tendance auprès des clients du groupe Desjoyaux. A tel point que l’entreprise a dû embaucher 45 intérimaires de plus pour faire face à la demande. Dans ce contexte, la direction a décidé de poursuivre ses projets d’investissements. Au total, 8 millions d’euros d’investissements ont été réalisés l’année dernière. Et Jean- Louis Desjoyaux, président-directeur général de l’entreprise éponyme, ne compte pas s’arrêter là puisqu’une école de formation de maçon entièrement financée par le groupe vient d’ouvrir ses portes.

La crise sanitaire a-t-elle affecté votre activité ?

Louis Desjoyaux, président-directeur général : Je dois avouer que nous profitons de la crise de manière un peu insolente. Déjà, depuis trois ou quatre ans, sans doute compte tenu des conditions climatiques favorables en France et dans le monde, nous observons une envie de la part de nos clients de se recentrer sur leur résidence principale ou secondaire pour leur lieu de détente. En effet, bien avant la crise, beaucoup avaient décidé de réaliser une pièce extérieure à leur maison comprenant notamment une piscine.

Notre croissance était donc assez soutenue. En février 2020 par exemple, soit juste avant le début de la crise économique, nous avions enregistré une croissance semestrielle (pour un exercice clos en août) de 20 %. Le manque de visibilité sur l’évolution du virus conjugué à des déplacements ou des voyages à l’étranger rendus impossibles n’ont fait que renforcer cette tendance. Aussi, pour faire face à la demande, nous avons rouvert notre usine de production à Saint-Etienne (usine 100 % intégrée qui fabrique toutes les piscines à destination de la France et du monde entier) seulement une semaine après le début du premier confinement, le 17 mars dernier, comme nos magasins et les centrales à béton. Bien évidemment, nous avons mis en place des mesures sanitaires drastiques (fourniture de masques, de gel hydroalcoolique, etc.) afin de protéger les collaborateurs. La vente des produits d’entretien s’est poursuivie en drive et nos ventes en BtoC directement chez le particulier. En conséquence, nous n’avons subi aucun coup d’arrêt de nos activités. Nous avons terminé l’année 2020 avec une croissance de 12 % (aussi bien en France qu’à l’export), équivalente à celle de 2019. Le chiffre d’affaires 2020 a même atteint un record avec 115 millions d’euros enregistrés contre 103 millions d’euros en 2019.

La direction financière a-t-elle tout de même dû prendre des mesures particulières dans ce contexte exceptionnel ?

Pour faire face aux commandes de la clientèle lors du premier confinement, nous avons d’abord dû recruter 45 intérimaires, ce qui nous a tout de même coûté 180 000 euros supplémentaires par mois. Il faut dire que nous manquions de main-d’œuvre pour réaliser presque 11 000 piscines puisque nous avions laissé la possibilité aux salariés qui avaient peur du virus de rester chez eux. Par ailleurs, même si nous avons ressenti un certain flottement au tout début de la crise économique du fait de son caractère inouï, nous disposions d’une trésorerie confortable d’une vingtaine de millions d’euros. Nous avons donc décidé de ne stopper aucun de nos projets d’investissements internes (recrutement, matériels, machines, moules, etc.). Au total, 8 millions d’euros d’investissements ont été réalisés l’année dernière et nous comptons bien en faire autant pour 2021. Je précise que nous n’avons rencontré aucun problème concernant le paiement de nos factures. Le crédit interentreprises a parfaitement fonctionné et les clients nous ont payés dans les délais.

Dans ce contexte, avez-vous eu recours à des dispositifs publics ?

Une quarantaine de nos 250 salariés (ceux restés chez eux) ont été placés en chômage partiel durant les trois premières semaines du confinement. Par ailleurs, le personnel administratif a pu poursuivre normalement ses missions en télétravail. 35 % d’entre eux travaillent d’ailleurs encore aujourd’hui à distance. Concernant les autres aides proposées par le gouvernement, nous n’avons fait appel à aucune d’elles. Nous n’avons pas non plus sollicité de prêt garanti par l’Etat (PGE). Nous aurions trouvé cette démarche indécente de notre part compte tenu des vraies difficultés que rencontrent beaucoup d’autres entreprises du fait de leur fermeture administrative. D’autant que la demande pour des constructions de piscines n’a pas faibli à l’automne dernier. Elle est même plus importante que ce que nous pouvions imaginer. Cela montre que le désir de nos clients de privilégier leur résidence est durable.

Comment votre direction financière s’est-elle organisée ces derniers mois et comment travaille-t-elle aujourd’hui ?

Notre direction financière était déjà préparée à faire face à la crise. Sur les six collaborateurs qui la composent, la moitié était déjà équipée en ordinateurs portables. Ces derniers ont donc pu télétravailler et une équipe très restreinte de trois personnes est venue au bureau quotidiennement pour gérer le flux de documents reçus ou à envoyer. Par ailleurs, la fonction comptable est totalement dématérialisée depuis plusieurs années. Nous utilisons l’outil SAP comme logiciel de gestion et notre système de facturation est entièrement automatisé, ce qui nous permet un traitement très rapide de nos commandes. En effet, la facturation est générée automatiquement en masse chaque soir par l’ERP SAP : toutes les commandes expédiées et validées dans la journée se voient affecter un statut livraison « ok » qui déclenche la facturation au client le soir même.

Quels sont vos principaux chantiers pour accompagner la relance de votre activité dans les semaines à venir ?

Nous venons de lancer, à la fin du mois de janvier, en partenariat avec Pôle emploi, une école de formation à La Fouillouse (près de Saint-Etienne) destinée à des apprentis, jeunes ou moins jeunes, qui souhaiteraient apprendre le métier de maçon. Partant du constat que nous avons beaucoup de mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée en France, nous avons profité d’un bon niveau de trésorerie pour réaliser ce projet ambitieux que nous finançons entièrement. Chaque formation (entre 15 et 20 personnes) nous coûte 100 000 euros. Mais nous sommes d’ores et déjà prêts à financer davantage si notre école rencontre du succès. 

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