« Nous avons l’obligation de pérenniser l’activité agricole car un projet agrivoltaïque est avant tout un projet agricole, résume Sébastien Darche, vice-président éolien et solaire France chez Statkraft. Les engagements étant très longs, il faut trouver des agriculteurs qui souhaitent s’engager sur ce temps long et dont l’activité peut être maintenue dans la durée, ce qui constitue un véritable défi puisqu’on connaît les difficultés de la filière agricole. Notre but est donc d’apporter des solutions, d’essayer de co-construire un avenir commun avec les agriculteurs. »
Pierre Guerrier, directeur général délégué au développement chez Solveo Energies et animateur du groupe de travail agrivoltaïsme de La Plateforme Verte, va dans le même sens : « L’agrivoltaïsme, c’est un peu plus qu’un couplage entre la production agricole et la production photovoltaïque. C’est une production photovoltaïque qui apporte un service direct à l’agriculture. Ce service, ce n’est pas le revenu, mais un service agronomique, de résilience climatique ou encore de protection contre les aléas climatiques. »
Si la trajectoire de l’agrivoltaïque est désormais lancée, les aspects politiques ne sont pas simples – le cadre réglementaire imposant de multiples contraintes et limitations – et il reste encore de nombreuses fausses idées à combattre. « Il y a notamment celle selon laquelle les énergéticiens s’enrichissent honteusement sur la terre nourricière, regrette Pierre Guerrier. En plus d’expliquer la vertu de notre démarche, il nous faut donc montrer à quel point nous sommes bien animés et que cela se traduise en faits sur le terrain. » Parmi les bonnes pratiques déjà déployées par les développeurs de projets : comprendre l’agriculture et respecter le projet agricole, ce qui nécessite de former les équipes ; se doter d’expertises internes (avec notamment des ingénieurs agronomes) et externes (accompagnement de bureaux d’études) ; adapter les structures au projet agricole (structures moins denses ou plus hautes qu’en photovoltaïque, pour permettre le passage des animaux par exemple).
Mariage gagnant-gagnant qui, d’un côté, offre aux énergéticiens un accès aux terres et, de l’autre, permet aux agriculteurs de pérenniser leur activité et au monde agricole de se développer, l’agrivoltaïsme constitue également une opportunité d’investissement pour les financiers. Pour Céline Lauverjat, directrice adjointe – fonds de transition énergétique chez Mirova, « ce qui est intéressant, c’est de voir en quoi cela apporte de la diversification et de la qualité aux portefeuilles, puisque nous sommes un investisseur de convictions et avons un traitement ESG de l’ensemble de nos actifs. En termes de partage des usages, il faut s’inspirer de ce qui a déjà été fait pour les autres énergies renouvelables. En tant qu’investisseur dans les sociétés qui développent des projets, ce qui compte pour nous sont la compétence technique et la lisibilité de l’activité sur le plus long terme ».