Apparue dans les années 1980 aux Etats-Unis, la notion de transition juste désigne le fait de « rendre l’économie plus verte d’une manière qui soit aussi équitable et inclusive que possible pour toutes les personnes concernées, en ne laissant personne de côté », précise Ute Meyenberg, de CFDT Cadres.
Le thème de la justice sociale s’inscrit dès lors au cœur du concept. Or force est de constater qu’il est encore peu traité dans le domaine de la finance durable. « Trop peu de fonds sont aujourd’hui positionnés sur le “S” de l’ESG », déplore en effet Michel Escalera, de Palatine Asset Management.
Un moteur de performance
Pourtant, quelle que soit la stratégie d’investissement adoptée, le volet social se doit d’être au cœur de l’analyse des gérants et des objectifs qu’ils poursuivent, comme le défend Hervé Guez, de Mirova. La raison est multiple. Déjà, il est impossible, conformément au principe « do no significant harm » (DNSH) érigé par la taxonomie européenne, d’agir sur l’environnement sans prendre en compte le social, et vice-versa. Ensuite, les données disponibles permettent d’intégrer cette dimension sans difficulté majeure, du moins dans la sphère cotée. « Nous suivons plus de 100 indicateurs extra-financiers en lien avec le social, parmi lesquels la création d’emplois, l’emploi des jeunes, etc. », illustre Michel Escalera. Enfin, la performance financière à moyen-long terme des sociétés les plus en pointe est souvent au rendez-vous. Aux Etats-Unis, les grandes capitalisations labellisées « Best Place to work » surperforment nettement l’indice de référence, illustre Michel Escalera.
Alors que de nombreux investisseurs ont toujours le sentiment qu’une politique ESG ambitieuse tend à affecter la performance des portefeuilles, les professionnels de la finance durable en appellent à accélérer les efforts de pédagogie afin de battre cette idée en brèche. « Il y a un travail important à effectuer pour sortir de la culture du benchmark », insiste plus largement Hervé Guez.
