Gestion des risques / Table ronde

Face à une conjoncture inédite, la prévention du risque client s’impose 

Publié le 10 novembre 2021 à 11h13

Anne del Pozo    Temps de lecture 22 minutes

Bien que la sinistralité des entreprises demeure historiquement basse encore cette année, les économistes prévoient un retournement de tendance en 2022. Une augmentation des défaillances qu’il convient de surveiller d’autant plus près que la pression sur les trésoreries tend à s’accentuer, au regard notamment de la fin du « quoi qu’il en coûte », mais aussi des pénuries de matières premières, de l’augmentation des coûts ou encore des difficultés d’approvisionnement. La prévention et la maîtrise du risque client sont, dans ce contexte, indispensables.

Des défaillances d’entreprise attendues à la hausse

Marcos Carias, économiste chez Coface : Nous assistons à un véritable paradoxe en termes d’évolution des défaillances d’entreprises. Contre toute attente et en dépit de la crise sanitaire, celles-ci se sont contractées en 2020 et 2021. Une tendance qui résulte notamment des mesures d’aide et de soutien mises en place par le gouvernement, et notamment le prêt garanti par l’Etat (qui représente 6 % du PIB), le chômage partiel (1,5 % du PIB) et le fonds de solidarité (1,5 %). Ces sommes ont été directement injectées auprès des entreprises les plus vulnérables. Maintenant que nous savons que ces interventions ont été très efficaces et très bien ciblées, le panorama des défaillances est bien plus optimiste que ce qu’il était en début d’année, lorsque nous ne connaissions pas encore les impacts de ces mesures sur les entreprises. Pour autant, aujourd’hui, les risques de défaillance n’ont pas disparu. D’autre part, il existe des risques sur de nouveaux éléments liés notamment à l’apparition d’une pression sur l’offre alors même que l’économie repart dans le monde entier : pénuries et flambées des cours des matières premières et des composants électroniques, difficultés d’approvisionnement, augmentation des coûts de transport notamment maritime… Nous ne savons pas encore jusqu’à quand cette tendance va se poursuivre. Pour qu’elle s’inverse, il faut attendre une décélération du rythme de croissance des deux géants de l’économie mondiale, la Chine et les Etats-Unis. Nous avons de bonnes raisons de penser qu’au début 2022, ces pressions pourraient commencer à s’alléger. C’est d’ailleurs déjà un peu le cas pour le bois, certains métaux, certaines céréales, pour lesquels la Chine a réduit son rythme de reconstitution des stocks. Cette baisse de pression ne concerne en revanche pas toutes les matières premières. Actuellement, nous assistons ainsi à une augmentation des coûts de l’énergie qui affecte notamment les grands manufacturiers. Les chiffres peuvent également cacher des poches de vulnérabilité. C’est notamment le cas pour le secteur automobile, qui est l’un des marchés qui a le plus souffert de la contraction économique pendant la crise et qui aujourd’hui doit faire face à la pénurie de puces électroniques tout en se trouvant confronté à des défis structurels tels que l’adaptation aux normes environnementales, en Europe notamment.

Globalement, il convient de souligner que les effets des aides du gouvernement ont été positifs, que l’économie repart, et que les services vont revenir au fur et à mesure que la situation sanitaire s’améliore. En ce qui concerne le soutien du gouvernement (le fameux « quoi qu’il en coûte »), il devrait se poursuivre en partie, notamment au regard de la période préélectorale dans laquelle nous entrons en France. D’autre part, la Commission européenne propose de prolonger jusqu’à mi-2022 la suspension des règles budgétaires pour que les Etats qui le souhaitent puissent continuer de soutenir les entreprises qui en auraient besoin.

Enfin, si nous avons pu déployer ces moyens financiers pendant la pandémie, c’est aussi parce que la politique monétaire de la Banque centrale est restée très accommodante grâce notamment à un environnement d’inflation basse. Si le coût de la liquidité reste bas, alors les engagements financiers de court terme peuvent être honorés. Si la Banque centrale doit augmenter les taux, nous serions alors dans un environnement de pression financière que nous n’aurions pas connu depuis longtemps. Tout cela implique que la menace de l’inflation serait plus conséquente que ce que les acteurs du marché envisagent. Il faut donc rester vigilant sur le lien dette, inflation et politique monétaire. Il convient également de rester attentif aux communications des banques centrales. Les anticipations d’inflation sont une partie importante de la prime de risques obligataires.

Christophe Pennellier, directeur commercial d’Atradius : Le sujet qui nous inquiète le plus aujourd’hui c’est en effet l’inflation avec l’augmentation du coût des matières premières, de l’énergie ou encore celui du fret, multiplié par 7 en un an ! Cette explosion des prix va maintenant rapidement se répercuter sur les trésoreries et faire peser un risque sur les marges des entreprises qui, en France étaient déjà un enjeu important. Nous suivons également les risques opérationnels et en particulier ceux sur les approvisionnements et leurs conséquences sur la rupture des chaînes logistiques. Le secteur de l’automobile est ainsi l’un de ceux qui retient le plus notre attention sur le sujet. La pénurie de certains composants pourrait impacter les sous-traitants déjà très fragilisés par la crise sanitaire mais également les investissements à venir qu’ils devront consentir dans le cadre de la transition énergétique du secteur. De même, les problèmes de recrutement pourraient avoir un impact sur les entreprises. A plus moyen terme, il faudra également suivre la capacité des entreprises à rembourser leur endettement et la possibilité éventuelle de restructurer les PGE, avec le soutien de l’Etat, pour les entreprises qui auront le plus de difficultés pour faire face aux échéances de cette dette. Il s’agit là d’un point validé par Bruxelles.

Enfin, concernant les délais de paiements, les retards restent raisonnables, même s’ils s’allongent. Les pouvoirs publics ont néanmoins annoncé qu’ils allaient renforcer la pression sur les entreprises, afin qu’elles les respectent.

Enfin, concernant les délais de paiements, les retards restent raisonnables, même s’ils s’allongent. Les pouvoirs publics ont néanmoins annoncé qu’ils allaient renforcer la pression sur les entreprises, afin qu’elles les respectent.

«L’inflation est le sujet qui nous inquiète le plus aujourd’hui, avec l’augmentation du du coût des matières premières, de l’énergie ou encore celui du fret, multiplié par 7 en un an. »

Christophe Pennellier Directeur commercial ,  Atradius

 

Gabriel Prévost, responsable commercial grands comptes, Euler Hermes : Aujourd’hui nous sommes à l’aube de l’arrêt ou de la suspension progressive des soutiens gouvernementaux. Nous allons devoir suivre l’impact sur les entreprises, en particulier sur celles dites « zombies ». D’autre part, depuis le confinement, nous avons vu des entreprises françaises qui se sont endettées, notamment au travers de souscription de PGE pour gonfler les trésoreries, parfois par nécessité, parfois par opportunité. Nous estimons qu’il faudra cinq ans pour que les entreprises françaises résorbent la dette qu’elles ont contractée depuis 2020. Nous estimons également que leur rentabilité va rester à un niveau inférieur à celui d’avant-crise, et surtout à un niveau moindre que celle des autres pays européens : le taux de marges en France est à 36 % contre 41 % en moyenne en Europe. Il va donc falloir observer et surveiller cette différence structurelle. Parallèlement, l’inflation est également un sujet à surveiller de près. Les entreprises se trouvent confrontées à la problématique de la hausse des coûts des matières premières, des produits intermédiaires et du transport. Elles ont deux choix : ne pas répercuter ces hausses sur leurs prix de ventes, et donc affecter directement leurs marges et leur rentabilité, ou bien les répercuter sur leurs prix de ventes, au risque d’affecter leur chiffre d’affaires. Paradoxalement, nous sommes finalement dans un phénomène de transition plutôt positif car, plutôt que de faire face à des enjeux de sortie de crise (trésoreries exsangues, ralentissement des ventes, chômage élevé et main-d’œuvre disponible par exemple), la plupart des entreprises françaises doivent gérer la croissance, face à laquelle elles doivent s’adapter pour saisir le rebond de l’activité. Les difficultés sont différentes de celles attendues, notamment sur les besoins en fonds de roulement et la gestion de certaines pénuries.

Dans ce contexte, les entreprises ne doivent pas négliger la protection de leur poste clients, car un autre facteur de pression les menace, inhérent aux frottements économiques décrits à l’instant : le renforcement du risque d’impayés. Nous estimons en effet que le nombre de défaillances croîtra de + 15 % à l’échelle mondiale et de + 40 % en France en 2022, au gré du retrait des mesures publiques de soutien. Là est tout le paradoxe de la période actuelle : une reprise économique dynamique, ponctuée de tensions sur les coûts et la rentabilité, et de résurgence du risque d’impayés.

Eric Scherer, président de l’AFDCC : Les credit managers redoutent d’une part, un dérapage des retards de paiement et, d’autre part, des explosions de faillites. Ils le redoutent davantage maintenant en raison de la fin des aides de l’Etat, du retour de l’inflation et avec peut-être, plus tard, une perspective de remontée des taux, des pénuries de toute nature qui pèsent sur les marges des entreprises… D’autre part, le besoin en fonds de roulement augmente avec la nécessité de reconstituer les stocks. Autant d’éléments qui pourraient consommer de la trésorerie rapidement. Il y a aussi une évolution législative avec des procédures qui ont été instituées, telles que la procédure de traitement de sortie de crise (PTSC), procédure temporaire et dérogatoire, dont on attend encore le décret d’application. Son objectif consiste à conduire au tribunal, le plus rapidement possible, les très petites entreprises en difficulté afin d’essayer de trouver une solution si elles sont encore viables. D’autre part, nous avons également la transposition depuis le 1er octobre de la directive européenne sur l’insolvabilité des entreprises, dont nous analysons à l’AFDCC les impacts sur les créanciers. A première vue, ces nouveaux dispositifs ne sont pas favorables aux créanciers. En termes de délais de paiement, nous sommes moins optimistes que les chiffres ne le disent actuellement. Nous notons une augmentation sensible en la matière notamment dans certains secteurs comme le bâtiment où les délais de paiement commencent à devenir très longs (largement plus que 11 jours de retard). D’ailleurs, la Banque de France s’en est émue et a créé une notation sur le comportement de paiement des entreprises. Face aux retards de paiement, les credit managers ne doivent pas hésiter à faire facturer les pénalités de retards ou autres commissions ou frais (40 euros) et refuser d’honorer de nouvelles commandes tant que les précédentes ne sont pas payées.

Eric Scherer, président de l’AFDCC : Les credit managers redoutent d’une part, un dérapage des retards de paiement et, d’autre part, des explosions de faillites. Ils le redoutent davantage maintenant en raison de la fin des aides de l’Etat, du retour de l’inflation et avec peut-être, plus tard, une perspective de remontée des taux, des pénuries de toute nature qui pèsent sur les marges des entreprises… D’autre part, le besoin en fonds de roulement augmente avec la nécessité de reconstituer les stocks. Autant d’éléments qui pourraient consommer de la trésorerie rapidement. Il y a aussi une évolution législative avec des procédures qui ont été instituées, telles que la procédure de traitement de sortie de crise (PTSC), procédure temporaire et dérogatoire, dont on attend encore le décret d’application. Son objectif consiste à conduire au tribunal, le plus rapidement possible, les très petites entreprises en difficulté afin d’essayer de trouver une solution si elles sont encore viables. D’autre part, nous avons également la transposition depuis le 1er octobre de la directive européenne sur l’insolvabilité des entreprises, dont nous analysons à l’AFDCC les impacts sur les créanciers. A première vue, ces nouveaux dispositifs ne sont pas favorables aux créanciers. En termes de délais de paiement, nous sommes moins optimistes que les chiffres ne le disent actuellement. Nous notons une augmentation sensible en la matière notamment dans certains secteurs comme le bâtiment où les délais de paiement commencent à devenir très longs (largement plus que 11 jours de retard). D’ailleurs, la Banque de France s’en est émue et a créé une notation sur le comportement de paiement des entreprises. Face aux retards de paiement, les credit managers ne doivent pas hésiter à faire facturer les pénalités de retards ou autres commissions ou frais (40 euros) et refuser d’honorer de nouvelles commandes tant que les précédentes ne sont pas payées.

«Les credit managers redoutent d’une part, un dérapage des retards de paiement et, d’autre part, des explosions de faillites. »

Eric Scherer Président ,  AFDCC

 

Gabriel Prévost : Après deux années consécutives de recul, les défaillances vont rebondir l’année prochaine en France (+ 40 %) et dans le monde (+ 15 %). Un rebond conséquent, certes insuffisant pour retrouver les niveaux d’avant-crise, mais qui est annonciateur d’une tendance nette : une reprise lente, mais progressive et durable, de la recrudescence des défaillances d’entreprises synonyme de résurgence du risque d’impayés.

Marcos Carias : L’année 2022 ne devrait pas être aussi basse en termes de défaillances qu’elle l’a été en 2020 et 2021. En 2019, nous étions à 50 000 défaillances et 2020 et 2021, environ 30 000. Nous devrions commencer à avoir un processus de rattrapage du volume des défaillances à mi-2022.

Christophe Pennellier : Il convient de rester extrêmement prudent sur les prévisions de défaillances. Certes, nous sommes sur un retour à la normale, mais de façon très progressive. En 2022, nous avons fait une prévision d’une remontée des défaillances d’environ 20 % en France et 30 % dans le monde par rapport à 2021.

Comment prévenir le risque

Gabriel Prévost : Les décideurs financiers vont avoir, dans les prochains mois, à gérer une phase de croissance et des phénomènes de pénuries. L’assurance-crédit est un bon outil pour faire face à cette situation, puisqu’elle permet aux entreprises de se concentrer sur les opportunités commerciales les plus sûres et les plus porteuses. Les credit managers, DAF et DG vont devoir réaliser des arbitrages et faire preuve de sélectivité pour gérer leur croissance ; cela signifie qu’il faudra être particulièrement attentif et vigilant dans le choix de ses partenaires commerciaux. Développer son chiffre d’affaires, c’est bien, mais s’assurer de l’encaisser, c’est mieux !

Bien contrôler son risque, c’est se préparer. Cela veut dire, en amont de la vente, avoir fait un vrai travail de renseignement sur le partenaire commercial concerné, et s’assurer de sa solvabilité. Une attention toute particulière devra également être apportée à la structure du contrat, et notamment les CGV, afin d’être prêt et protégé en cas d’imprévu. En interne, il convient d’organiser une task force multidirections. Quand nous parlons de crédit client, nous parlons de finance (impact sur la trésorerie, le BFR, la marge), de commerce (impact sur les ventes), d’administration des ventes (optimiser la supply chain et le cycle order to cash pour être payé rapidement par les bons clients et prioriser les factures et relances à mettre en place en fonction des clients). Enfin, si jamais un impayé survient, mieux vaut une démarche amiable avec les clients pour préserver la relation commerciale, plutôt que de se lancer dans une procédure juridique chronophage, stressante et complexe à mener.

L’assurance-crédit permet de se concentrer sur les opportunités commerciales les plus sûres en structurant tout le cycle : chez Euler Hermes, nous suivons par exemple plus de 4 millions d’entreprises en France, et sommes en mesure d’évaluer précisément l’évolution de leur santé financière. Ensuite, si nos assurés subissent un impayé, nous nous chargeons de recouvrer les sommes dues auprès de leur créancier grâce à nos juristes qui maîtrisent l’art de la négociation amiable, et savent enclencher les recours juridiques appropriés. Enfin, si le recouvrement n’aboutit pas, nous indemnisons nos clients. Ce triptyque prévention/recouvrement/indemnisation est le moyen le plus efficace pour protéger sa trésorerie du risque d’impayés, et seule l’assurance-crédit permet d’en bénéficier.

L’assurance-crédit permet de se concentrer sur les opportunités commerciales les plus sûres en structurant tout le cycle : chez Euler Hermes, nous suivons par exemple plus de 4 millions d’entreprises en France, et sommes en mesure d’évaluer précisément l’évolution de leur santé financière. Ensuite, si nos assurés subissent un impayé, nous nous chargeons de recouvrer les sommes dues auprès de leur créancier grâce à nos juristes qui maîtrisent l’art de la négociation amiable, et savent enclencher les recours juridiques appropriés. Enfin, si le recouvrement n’aboutit pas, nous indemnisons nos clients. Ce triptyque prévention/recouvrement/indemnisation est le moyen le plus efficace pour protéger sa trésorerie du risque d’impayés, et seule l’assurance-crédit permet d’en bénéficier.

«Les décideurs financiers vont avoir dans les prochains mois à gérer une phase de croissance et des phénomènes de pénuries. L’assurance-crédit est un bon outil pour faire face à cette situation. »

Gabriel Prévost Responsable commercial grands comptes ,  Euler Hermes

 

Christophe Pennellier : l’enjeu pour les credit managers aujourd’hui consiste à avoir des données plus prospectives et dynamiques et non plus uniquement des éléments du passé ou des éléments bilanciels. Cela passe par la collecte d’un maximum d’informations sur la capacité des clients à faire face à ses échéances. Il faut mettre en place une surveillance accrue des règlements et avoir une très grande réactivité dès lors que les paiements commencent à avoir des retards. Il convient alors de commencer par privilégier les démarches amiables.

La qualité de l’information et notamment de l’information prospective est également importante. Les credit managers doivent essayer d’avoir une visibilité sur le carnet de commandes de leurs clients, leur situation de cash et de trésorerie, les dispositifs d’aides sollicités…

Ils peuvent également s’appuyer sur un certain nombre d’outils comme les conditions générales de vente, la clause de réserve de propriété pour accélérer les règlements ou récupérer une partie de sa marchandise, les cautions, les nantissements… Ces derniers sont néanmoins lourds et coûteux à mettre en place et le résultat final n’est pas toujours à la hauteur des attentes de l’entreprise.

Nous constatons par ailleurs que, de plus en plus, les équipes commerciales sont davantage impliquées dans le suivi des règlements des clients, voire même intéressées sur l’encaissement client. Il y a donc de moins en moins cette dichotomie très forte entre les équipes commerciales et le credit management. En interne, les credit managers doivent être équipés d’outils qui permettent de stopper très rapidement toutes les livraisons, dès lors qu’ils constatent des retards de paiement ou des difficultés de dialogues avec les entreprises qui règlent tardivement.

L’assurance-crédit, enfin, reste le partenaire idéal du credit manager, car elle lui permet de protéger sa marge, via l’indemnisation en cas d’impayé. Il s’agit d’une solution complémentaire à tous les outils et processus mis en œuvre par le credit manager et qui lui donne un accès en ligne à une information actualisée pour ses prises de décisions.

Marcos Carias : le risque d’impayés est en effet le cœur de métier de l’assurance-crédit. Dès lors que les entreprises passent à l’international, il faut prendre en compte d’autres dimensions de risques. Par exemple, les tensions actuelles en matière d’approvisionnement peuvent intensifier les risques opérationnels. Pour pouvoir desservir cette demande excessive de transports de marchandises, les entreprises du fret intensifient la vitesse des navires sur les lignes transpacifiques ce qui notamment peut conduire à des congestions portuaires et à des accidents. Il est d’ailleurs possible de s’assurer contre ces risques opérationnels (transport maritime), notamment grâce à l’assurance transport de Coface, le Gatex ou Groupement assurance transports des exportateurs français. Au-delà de cette garantie, nous proposons également des services d’information commerciale pour piloter les risques à l’échelle mondiale. Nos forces principales reposent sur notre expertise à l’export ainsi que sur notre réseau à l’international. En effet, nous collectons de l’information commerciale dans près de 195 pays, ce qui nous permet d’aider les entreprises à se familiariser avec les particularités des procédures de recouvrement à l’export, des lois de faillites, des probabilités que l’Etat de droit soit respecté, etc.

Dans ce contexte et par souci pour nos clients, nous avons récemment développé un nouvel outil de gestion du risque : Portfolio Insights. Ce tableau de bord, toujours plus « user friendly » grâce à ses indicateurs visuels, permet à l’usager de gérer son exposition au risque de manière optimale par le biais d’informations approfondies sur le risque de contrepartie (clients, débiteurs, fournisseurs, etc.), croisées avec toute l’expertise macroéconomique de Coface.

Dans ce contexte et par souci pour nos clients, nous avons récemment développé un nouvel outil de gestion du risque : Portfolio Insights. Ce tableau de bord, toujours plus « user friendly » grâce à ses indicateurs visuels, permet à l’usager de gérer son exposition au risque de manière optimale par le biais d’informations approfondies sur le risque de contrepartie (clients, débiteurs, fournisseurs, etc.), croisées avec toute l’expertise macroéconomique de Coface.

«Il existe des risques sur de nouveaux éléments liés notamment à l’apparition d’une pression sur l’offre alors même l’économie repart dans le monde entier. »

Marcos Carias Economiste ,  Coface

 

Eric Scherer : Les Français qui travaillent à l’export ont tout intérêt à s’appuyer sur les prestations des assureurs-crédits en termes de garanties bien sûr, mais aussi sur leurs informations par pays et leurs informations sectorielles, pour juger de la solvabilité sur les entreprises. Nous pouvons souhaiter d’ailleurs que dans ce domaine ce ne soient pas uniquement les grandes entreprises qui y ont accès mais également les PME, voire même les TPE. Certes, il y a la question des coûts. Ce serait d’ailleurs une bonne chose que les assureurs-crédits proposent à ces petites entreprises des tarifs réduits. Avec l’assureur-crédit, il est également possible d’envisager un partenariat avec l’assurance type « excess », qui permet de partager le risque entre l’entreprise qui prend son risque en qualité d’entrepreneur et l’assureur-crédit qui prend le relais en cas de sinistre très important, au-delà d’une certaine « franchise ». Un dispositif peu utilisé mais qui, en période de reprise, paraît être une bonne solution pour développer le chiffre d’affaires. Parmi les autres dispositifs de prévention du risque, les entreprises doivent s’appuyer sur les CGV. Il convient de les réviser régulièrement, notamment sur l’aspect de la limite de crédit : il faut se réserver la possibilité de limiter ses encours si la santé financière d’un client venait à se dégrader. Il faut identifier au plus tôt les dérapages de paiements, s’il s’agit de client récidiviste en la matière ou pas… C’est pourquoi, il est nécessaire d’historiser ses relations clients pour gérer le risque au plus près et être très réactifs en cas de problèmes. En effet, un certain nombre de garanties ne sont plus aussi efficaces (comme les cautions personnelles ou nantissement sur FDC). Outre la clause de réserve de propriété bien entendu, nous préconisons la caution bancaire à première demande : avec la limitation des encours, elles restent le meilleur moyen de couvrir son risque.

Par ailleurs, pour mieux analyser le risque dans cette période compliquée, les comptes à fin 2020 étant maintenant connus (pour ceux qui ont été publiés), ils nous permettent de savoir dans quelle situation financière se trouvaient les entreprises et comment elles ont traversé l’année de crise. Aujourd’hui, la question est de savoir comment s’est passé leur premier semestre 2021 et comment elles envisagent le second semestre, voire l’année 2022. Nous leur demandons notamment des prévisions d’activité, de chiffre d’affaires, de résultats, quel est l’état de leur trésorerie, si elles ont bénéficié d’un PGE, si elles l’ont consommé ou remboursé (en totalité ou partiellement), etc. On ne peut se passer d’aller chercher ces informations directement auprès des entreprises.

Comment accompagner les entreprises dans le financement du BFR

Gabriel Prévost : Pendant quelques années peut-être, les entreprises vont devoir composer avec un contexte économique dual, entre croissance de l’activité et tensions fortes sur la trésorerie et le BFR. L’agilité des entreprises doit s’appuyer sur une capacité à décider rapidement, donc notamment sur de l’information fiable et disponible en temps réel. Grâce à l’assurance-crédit, les entreprises ont une vision synthétisée et à 360 degrés de la santé financière de leurs partenaires. Grâce à notre implantation régionale, à nos contacts institutionnels et à nos partenaires fédérations professionnelles, nous avons une vision très précise du tissu économique français et de l’évolution réelle de la solvabilité des entreprises. L’assurance-crédit est un outil d’aide à la décision qui permet aux assurés de faire une synthèse dynamique et fine d’une quantité importante d’informations. Les bilans, les données publiques, les échanges que nous avons avec les dirigeants d’entreprises, les éclairages sectoriels que nous apportent nos partenaires, etc. toutes ces informations, nous les prenons en compte dans notre analyse du risque, et c’est sur cette base que nous prenons nos décisions de garanties. Cette information, nous sommes également en capacité de la condenser à travers des dashboards mis à disposition de nos clients, ou encore au travers de notre notation de la probabilité de défaut. L’assurance-crédit, et la prévention qu’elle comporte, devient également un élément de négociations vis-à-vis des clients, soit pour assouplir des relations commerciales ou anticiper des conditions de paiement différentes ou des prises de garanties supplémentaires pour sécuriser sa marge et son chiffre d’affaires. Dans une période comme celle-ci, il faut absolument sécuriser son chiffre d’affaires et bien choisir ses partenaires commerciaux. L’assurance-crédit est, en la matière, un outil particulièrement bien adapté.

Christophe Pennellier : L’autoassurance est notre principal concurrent. Mais cette dernière comporte des risques car l’entreprise n’a alors par le bénéfice de la couverture et du recouvrement. L’assurance-crédit recouvre en effet la prévention, l’accompagnement et le conseil aux entreprises pour le suivi de leur risque client et la sélection de nouveaux clients, notamment au travers d’outils de rating. Ce sont des outils dynamiques qui permettent de suivre de près le risque client. Ensuite, le recouvrement de créances, qui peut s’avérer coûteux notamment lorsque la démarche est réalisée à l’international, est également inclus dans les contrats d’assurance-crédit y compris à l’export. Enfin, l’assurance-crédit permet de mobiliser plus facilement son poste clients et facilite l’accès aux solutions de financement court terme comme l’affacturage.

Gabriel Prévost : Nous avons eu à traiter plusieurs demandes de programmes déconsolidants ces derniers mois (ou de « dé-comptabilisation »). C’est une technique puissante d’optimisation financière qui n’est plus l’apanage des très grandes entreprises. L’assurance-crédit, en fournissant au financeur une sécurité maximale sur le poste clients et un wording contractuel spécifique, permet de supporter efficacement cette démarche d’optimisation de trésorerie.

Marcos Carias : Nous sommes dans une perspective de croissance favorable et optimiste. Cependant, nous avançons dans un monde plus incertain, avec des probabilités de chocs climatiques, de cyber-risques, etc.

Eric Scherer : Il faut cependant se rappeler que nous n’avons pas résolu en France le problème de l’insuffisance des capitaux propres. Les entreprises ont pallié une carence de chiffre d’affaires grâce au PGE (qui est aussi une dette) et d’autres aides (subventions, chômage partiel, remises de dettes). Cette question va se poser avec d’autant plus d’acuité que les entreprises ont besoin d’investir, dans cette phase de croissance, également pour faire face aux défis climatiques et aux défis de transition numériques, etc. Il faudra donc suivre de près la capacité d’autofinancement de ces entreprises. Il s’agit pour le coup d’un problème de haut de bilan et de renforcement des capitaux propres.

Gabriel Prévost : Le prêt participatif pourrait d’ailleurs être une solution pour augmenter les fonds propres des entreprises. Ils sont actuellement peu souscrits, mais pourraient représenter une réponse pertinente à une fragilité structurelle bien connue de nos ETI et TPE : leur niveau de capitalisation (les ressources long terme de l’entreprise) limité. 

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