Comme le souligne Olivier Vigna, de Paris Europlace, les émissions d’obligations à dimension durable continuent de s’inscrire dans une dynamique favorable, en France tout particulièrement.
En réponse à une offre de titres qui va croissant, les gérants obligataires ont considérablement renforcé leurs stratégies d’investissement et leurs méthodologies au fil des années, de manière à placer l’ESG au cœur de leur action. Cette intégration repose sur divers piliers, comme les exclusions sectorielles. « L’idée, c’est de continuer à financer la plupart des secteurs de notre économie avec une approche de transition et de durabilité, et d’en exclure quelques-uns que l’on va considérer comme trop intenses en carbone ou comme à risque pour la biodiversité ou pour la préservation des milieux aquatiques », résume Thibault Destrés, d’Anaxis AM.
L’engagement au cœur de l’approche
La prise en compte de scores ESG est également centrale, au même titre que l’engagement, qui peut prendre une variété de formes. « Par exemple, nous allons choisir des thématiques qui nous apparaissent très parlantes, à l’instar récemment des polluants éternels (PFAS). Nous allons aussi mettre en pratique l’engagement de nos clients, avec des objectifs de décarbonation importants de nos portefeuilles. Et l’engagement se matérialise aussi au niveau des émetteurs, puisque nous en avons rencontré plus d’une centaine », décrit Nathalie Beauvir-Rodes, d’Ostrum Asset Management. D’après Anne-Sophie Demorgny, de MACSF, le fait de « mettre l’analyse extra-financière au même niveau que l’analyse financière » constitue un autre prérequis d’une démarche responsable.
Aussi robustes soient les approches des gérants, des marges de progression demeurent, en particulier en termes de disponibilité et de fiabilité des données. « L’utilisation des données extra-financières est un vrai enjeu », confirme Anne-Sophie Demorgny. Or, dans ce domaine, la situation est loin d’être optimale. « Dans la mesure où nous nous appuyons largement sur des données estimées, et finalement pas sur des données reportées, nous nous sentons un peu captifs des fournisseurs de données », constate Nathalie Beauvir-Rodes. « Nous manquons clairement de données sur le scope 3, ce qui nous limite dans notre analyse de l’impact global des entreprises », ajoute Thibault Destrés.