finance durable

Les limites planétaires imposent-elles de nouveaux modèles d’investissement ?

Publié le 28 avril 2025 à 11h46

Anne del Pozo, Marianne di Meo, Arnaud Lefebvre    Temps de lecture 3 minutes

Apparu en 2009, le concept de limites planétaires émane d’un groupe de chercheurs du Stockholm Resilience Center, qui s’intéressait aux paramètres garantissant la stabilité du système Terre.

« Ils en ont identifié neuf, parmi lesquels le climat, l’intégrité de la biosphère, le cycle de l’eau et l’acidité des océans », signale Audrey Lambry, chez Eurazeo, pour qui il importe aussi de bien comprendre les notions associées. « Ces neuf systèmes ou écosystèmes ou processus ont une fonction de régulation, qui a permis à la Terre d’entrer dans une zone de très grande stabilité. Et pour chacun des paramètres, il y a une limite à ne pas dépasser si l’on veut que la fonction de régulation soit opérée. » S’ajoute enfin la notion de dépassement.

Investisseurs et scientifiques doivent coopérer

Face à ces limites planétaires, qui sont de nature à affecter la valorisation, voire la viabilité, de nombreux actifs, les investisseurs n’ont pas d’autre choix que de faire évoluer leurs modèles. « On ne peut pas rester sur une approche monothématique, défend ainsi Audrey Lambry. Il faut absolument sortir de l’angle de vue focalisé sur le climat pour intégrer une vision plus systémique, plus holistique, afin de considérer l’ensemble de ces paramètres. » Bon nombre de professionnels ont d’ailleurs commencé à s’adapter. « Nos équipes de recherche ont embauché des géologues et des climatologues, soit des personnes de la sphère des sciences dures avec lesquelles nous n’avions pas forcément l’habitude de travailler jusqu’alors. Nos équipes de data scientists sont aussi de plus en plus formées, notamment sur la gestion de la donnée non structurée et de la donnée géospatiale », indique Julien Moussavi, du LSEG.

Face à l’ampleur du chantier, les défis restent nombreux. « Il y a encore beaucoup de pédagogie à faire autour des limites planétaires car ce sujet est à la fois relativement récent et complexe », poursuit Julien Moussavi. Surtout, le manque de données pertinentes demeure un obstacle majeur, parmi bien d’autres. « Les limites planétaires sont un cadre scientifique, qu’il faut donc pouvoir essayer de translater, relève Jean-François Coppenolle, d’Abeille Assurances. Mais le problème fondamental tient au fait que nous n’avons toujours pas mis de prix sur les externalités négatives de la nature. Or, tant qu’il n’y aura pas de pricing de ces externalités, il sera difficile de les prendre en compte dans la gestion ». 

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