Décarbonation

Les SAF, leviers de décarbonation du transport aérien

Publié le 28 avril 2025 à 15h20

Arnaud Lefebvre    Temps de lecture 3 minutes

A l’origine de 5 % des émissions de gaz à effet de serre, l’avion est le mode de transport le plus polluant au monde. Les acteurs de cette industrie ont pourtant réalisé d’importants efforts en matière de décarbonation : « la consommation de carburant par kilomètre et par passager a été divisée par deux entre les années 1990 et la fin des années 2010 », informe en effet Pierre Deron, de Cleantech Open France. Cependant, le trafic aérien a été multiplié par quatre dans le même temps, entraînant de facto un doublement des rejets de CO2. Dans ce contexte, le recours aux « carburants d’aviation durable » (sustainable aviation fuels), SAF ou e-SAF, apparaît comme l’une des solutions les plus prometteuses pour réduire l’empreinte environnementale des compagnies aériennes. Pouvant être élaborés à partir de diverses sources (biomasse, graisses et huiles usagées, électricité, eau, hydrogène…), ceux-ci pourraient représenter 20 % des carburants utilisés dans le secteur à horizon 2035 en Europe. Un objectif ambitieux : même si la production de SAF a été multipliée par 12 en quatre ans à l’échelle mondiale, elle ne pèse que 0,3 % de la production mondiale de carburants d’aviation.

Défis et incertitudes

Or la démocratisation de cette famille de carburants plus propres s’accompagne de nombreux défis. « En raison de leur coût aujourd’hui sensiblement plus élevé, il existe des interrogations sur le modèle économique des acteurs de cette filière : comment vont évoluer la demande des compagnies aériennes et, par là même, les revenus de ces derniers ? », souligne d’abord Emmanuel Legrand, de la Banque des Territoires. En outre, la préparation de tels dossiers est particulièrement complexe. « Ce sont des projets industriels d’envergure », confirme Laurent Battoue, de Watson Farley & Williams, qui évoque les demandes d’autorisation administrative, la prise en compte de contraintes réglementaires fixées par une diversité de textes, la faculté à obtenir l’adhésion des populations directement concernées par l’implantation du site… « Il y a un vrai travail de pédagogie à mener par la filière aéronautique », résume Benoît Decourt, d’Elyse Energy. A l’aune des capex significatifs en jeu, ce dernier insiste enfin sur la nécessité de « dérisquer de tels projets » afin d’attirer des financeurs. Un prérequis qui passe notamment par l’implication des compagnies aériennes, via par exemple un engagement pluriannuel sur les volumes d’achat de SAF ou d’e-SAF. λ

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