En matière de transition énergétique, l’Hexagone n’a pas à rougir.
« La France est, parmi les pays développés, celui qui émet par unité de PIB le moins d’émissions de CO2. De plus, le Net Zero Finance Tracker fait ressortir que les institutions financières françaises figurent parmi les plus engagées en termes de sortie des énergies fossiles », énumère Olivier Vigna, délégué général adjoint de Paris Europlace. Il n’empêche, les efforts à accomplir sur ce front demeurent nombreux. « Sachant que le changement climatique va affecter les performances et les risques de l’ensemble des actifs, la transition énergétique reste un sujet stratégique », confirme Arnaud Mémin, responsable du pôle de gestion des actifs dédiés chez EDF.
Quatre instruments principaux
Dans ce contexte, les investisseurs obligataires ont un rôle à jouer pour accélérer le rythme de cette transition, quand bien même « la France représente à peu près 10 % de l’encours mondial des green bonds, soit quasiment cinq fois plus que son poids dans le PIB mondial », signale Olivier Vigna. Pour ce faire, les instruments financiers ne manquent pas, entre « les obligations vertes – largement majoritaires –, sociales, durables et sustainability-linked », recense Rachida Mourahib, responsable globale de la recherche ESG chez Oddo BHF. De plus, les gérants ne rechignent pas à octroyer aux émetteurs des bonus en vue d’encourager les investissements nécessaires. Par rapport aux obligations conventionnelles, « la décote sur le coupon s’élève sur l’année dernière à peu près à 10 points de base en moyenne, et a pu atteindre jusqu’à 20 points de base », précise Sandrine Pernette, directrice des investissements de Relyens.
Aux yeux des gérants obligataires, tout n’est pas satisfaisant pour autant. « Nous disposons de normes de place (Green Bond Principles, Social Bond Principles…), mais ces cadres sont assez généraux », pointe Rachida Mourahib. Cette situation implique pour les asset managers de définir des approches d’analyse rigoureuses de ces obligations, avec pour double objectif de s’assurer que l’investissement a un réel impact durable et d’éloigner tout risque de greenwashing. « Pour ce faire, nous avons développé une approche en cinq étapes (analyse de la qualité ESG de l’émetteur, du projet, de la qualité de la documentation légale…) et favori sons systématiquement des projets qui financent majoritairement des CAPEX verts », précise Rachida Mourahib.
Plusieurs défis
D’autres écueils sont également pointés du doigt par les professionnels. « Il est compliqué d’évaluer la mesure d’impact de ces obligations ou des objectifs de développement durable liés à l’énergie dans la mesure où il existe une diversité de projets financés et où les indicateurs de performance ne sont pas les mêmes », poursuit la responsable de la recherche ESG d’Oddo BHF. Les données extra-financières aujourd’hui disponibles ne sont également pas sans poser de problème. « D’un côté, un certain nombre d’émetteurs n’en publient pas. D’un autre côté, les données qui sont effectivement calculées affichent une qualité inégale suivant les fournisseurs de données », déplore Arnaud Mémin. Des avancées dans ces divers domaines sont donc attendues avec impatience.