Sur les échéances net zéro, il convient d’avoir une approche différenciée par secteurs. Le chemin pour atteindre les objectifs net zéro sera différent dans les services et l’industrie.
Net zéro et approche par secteurs
« Pour évaluer l’impact, nous appliquons et avons construit une grille de transition, mais nous avons aussi une approche différenciée selon les secteurs, explique ainsi Ludivine de Quincerot, gérante de fonds, responsable ESG et analyse financière chez Rothschild & Co Asset Management. Cependant, pour nous, la différenciation, c’est surtout le temps que nous passons sur les sujets matériels comme l’analyse, le dialogue, l’engagement. »
Par exemple, le transport maritime représente 3 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial et 13,5 % des émissions du transport au sein de l’Union européenne. Sachant que les navires ont une durée de vie de vingt à trente ans, pour atteindre l’objectif net zéro de 2050, il faut s’y mettre dès maintenant. " Il faut à cet effet changer la façon de faire du shipping, la façon d’opérer, équiper les navires différemment, leur permettre d’utiliser des énergies différentes, etc.", témoigne Jean Zanuttini, président exécutif de Néoline Développement. Avec son navire à propulsion par le vent, Néoline entend ainsi allier une approche technologique avec une approche opérationnelle qui s’articule autour de la sobriété et de l’usage du vent en tant qu’énergie de propulsion principale. La décarbonation du secteur maritime suppose également de changer de modèle économique sur le financement. « Le secteur maritime, de façon générale, fait partie des secteurs “CAPEX Intensive” qui nécessitent beaucoup d’investissements, précise Guillaume Branco, investment director, asset based, chez Eurazeo. Dès lors que nous y ajoutons l’impératif de décarbonation, la réglementation qui va rentrer en vigueur, l’objectif net zéro de 2050, etc., nous alourdissons d’autant plus les besoins de financement. » Or, aujourd›hui, les financiers traditionnels du secteur maritime (à savoir les banques) ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins. « C’est la raison pour laquelle Eurazeo (et d’autres) fournit une solution de financement alternative et complémentaire à celles qui existent aujourd’hui, avec des acteurs qui sont plus flexibles et capables de prendre un peu plus de risques », poursuit Guillaume Branco.
Net zéro et approche par scope
Plusieurs manières permettent d’aborder la décarbonation : scope 1, 2 et 3, SBTI… Le scope 3 donne d’ailleurs une lecture différente, car il représente quand même 80 % des émissions. « Dans nos plans de transition, si nous n’avons pas un reporting clair du scope 3, sur l’amont, sur l’aval, alors il sera raté, explique Ludivine de Quincerot. Nous avons donc une approche très exigeante pour tout le monde et le scope 3 est une partie prenante importante de cette approche. »
Net zéro et approche géographique
L’approche net zéro ne doit pas être uniquement sectorielle ou par scope, mais aussi géographique, d’autant plus lorsqu’on opère en Asie.
« Le scope 1 de l’Asie, c’est le scope 3 des marchés développés, souligne Tina Radovic, global head of credit research chez HSBC Asset Management. D’autre part, décarboner un portefeuille, c’est relativement facile. Il suffit d’en retirer les quelques utilities qui ont la plus grosse intensité carbone. Mais alors aura-t-on contribué à décarboner l’économie réelle ? Je ne le crois pas. Le sujet est donc bien celui de la transition. Dans ce cadre-là, le volet régional est extrêmement important. Chez HSBC AM, Nous ne voulons pas financer l’expansion dans le charbon. Et pour toutes les sociétés qui, à ce jour, ont plus de 10 % dans le charbon, nous faisons une analyse très détaillée de leur transition. »
Nous sommes donc dans un modèle qui est a minima tridimensionnel : les secteurs, les scopes, les zones géographiques, voire à quatre dimensions, si on ajoute un certain nombre d’horizons temporels.