Transition énergétique

Quels investissements clés pour financer la transition énergétique ?

Publié le 26 avril 2024 à 11h53

Anne del Pozo    Temps de lecture 4 minutes

Les gestionnaires d’actifs jouent un rôle de plus en plus important en tant que financeurs clés d’investissements nécessaires pour transformer l’économie. Quelles actions concrètes pensent-ils mettre en place en faveur d’une économie plus durable et d’une souveraineté énergétique ?

De nombreux obstacles entravent encore la transition énergétique. « Pourtant, nous pouvons aujourd’hui investir dans la transition énergétique avec la même profitabilité que dans les actifs bruns, précise Caroline Le Meaux, responsable globale de la recherche ESG chez Amundi Asset Management. D’autre part, il est important que les Européens se battent pour montrer que la double matérialité est une réalité financière. ». « Nous devons également faire avec l’humanité, avec la technologie et avec les capitalistes », poursuit de son côté Olivier de Panafieu, directeur général Audacia. « Le temps peut aussi être un obstacle, ajoute Laurent Chatelin, partner infrastructure d’Eurazeo Aujourd’hui, chaque gérant doit mener une réflexion qui va au-delà de l’infrastructure, et se penche sur les conséquences de son déploiement dans son environnement. »

Quelles technologies privilégier ?

Les choix des gestionnaires d’actifs sur les technologies sont très divers. Certains sont agnostiques, comme Amundi Asset Management ou Schroders Greencoat « Notre métier consiste à investir dans les entreprises qui elles-mêmes vont investir dans ces technologies », explique Carole Le Meaux.

D’autres font des choix de technologie assez marqués, à l’instar d’Audacia. « Pour atteindre le net zéro, il nous faut ne négliger aucun levier, déployer les technologies déjà matures, mais aussi, parmi les technologies nouvelles, en choisir certaines qui vont être explosives, comme le nouveau nucléaire, la fusion, l’hydrogène décarboné, etc. », précise Olivier de  Panafieu. « Nos investisseurs et notre fonds ne sont pas là pour prendre du risque technologique, précise néanmoins Laurent Chatelin. Le risque technologique est assez exogène au monde de l’infrastructure. Il en bénéficie par des améliorations continues, comme on l’a vu sur les panneaux solaires. Il faut donc massifier les technologies qui existent pour avoir des champs de production d’énergie décarbonée, solaire, vent, hydro, biogaz… De même, le SAF (Sustainable Aviation Fuel) est en train de se développer grâce notamment à la réglementation.»

En revanche, sur l’électricité, les réseaux sont un verrou : il n’y a pas de transition sans transmission. Or il semble difficile de mobiliser l’investissement privé sur cette classe d’actifs. « Nous sommes là pour avoir un rendement sur investissement, explique à ce sujet Caroline Le Meaux. Aujourd’hui, il n’y a pas de marché à notre échelle ni de cash-flow visible. Quelque chose peut être tout à fait rationnel pour un Etat sans pour autant qu’un investisseur, faute de rentabilité, n’investisse dedans. Nous devons offrir un rendement à des clients dans une enveloppe de risque et avec des contraintes de durabilité. » « Même si nous voulions investir, nous ne le pourrions pas, car les réseaux électriques appartiennent aux Etats qui sont aux commandes pour les développer, les financer et les opérer », précise Bertrand Gautier, chez Schroders Greencoat.

La technologie peut néanmoins apporter beaucoup pour aider ces réseaux à se transformer. « Dans les villes, le besoin va être croissant, notamment en électricité, indique Olivier de Panafieu. Il va falloir trouver des matériaux supraconducteurs, qui permettent d’amener de très fortes quantités d’électricité dans de bonnes conditions. C’est typiquement un exemple dans lequel nous allons pouvoir apporter un plus aux acteurs de l’infrastructure pour faire en sorte que leurs actifs se transforment. » « Enfin, nous poussons beaucoup les entreprises sur leurs investissements en green, mais nous en regardons aussi l’impact négatif », poursuit Caroline. « L’ESG est vraiment consubstantiel à notre acte d’investissement », conclut Laurent Chatelin.

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