Climat

Souveraineté industrielle : les enjeux de la compétitivité et du financement

Publié le 28 avril 2025 à 15h55

Anne del Pozo    Temps de lecture 3 minutes

«La souveraineté industrielle repose sur la capacité à limiter les dépendances, explique Anaïs Voy-Gillis, géographe et chief strategy and CSR officer, Humens. Pour y parvenir, il est essentiel de bâtir une base industrielle solide, soutenue par des fonds d’investissement alignés sur les objectifs de réindustrialisation. » Ce mouvement implique une transformation du monde financier mais aussi une mobilisation des territoires. « Les régions comme la Normandie s’engagent déjà dans cette voie en développant leur propre ingénierie stratégique et en créant des fonds d’investissement régionaux capables de mobiliser des ressources, précise Sophie Gaugain, 1re vice-présidente de la région Normandie et maire de Dozulé. Nous créons des réseaux de fonds de fonds mondiaux en fonction des cibles qu’on se fixe. » Pour Hélène Gelas, avocate associée chez Jeantet, « cette souveraineté, qu’elle soit étatique ou européenne, passe également par une politique stable et cohérente. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui, notamment dans des domaines clés comme la décarbonation de l’industrie et l’électrification des usages. Il est crucial d’aligner les décisions politiques sur les objectifs de souveraineté énergétique et industrielle ».

L’Europe doit se mettre en ordre de marche

« L’Europe a la capacité pour rivaliser avec les grandes puissances, mais sa fragmentation entre États membres freine la construction d’une stratégie industrielle cohérente, précise Anaïs Voy-Gillis. Face à la Chine et aux États-Unis, elle doit clarifier ses ambitions, coordonner ses politiques et agir collectivement pour garantir sa souveraineté industrielle d’ici 2050. » « L’Europe a des ressources en minerais critiques, comme les terres rares, en quantité suffisante, et des projets miniers compétitifs en Espagne, au Portugal, en Finlande et en France, précise Sylvain Eckert, associé, Infravia. Bien qu’elle ne puisse pas égaler la Chine en termes d’économies d’échelle, elle peut néanmoins se distinguer par ses capacités d’innovation et ses techniques de traitement plus efficaces. » « Toutefois, la complexité des réglementations européennes comme le NZIA et la subsidiarité énergétique des États membres freinent l’élan nécessaire, poursuit Hélène Gelas. Cette Europe de l’énergie ne fonctionnera que s’il y a un financement de budget unique européen. » Sophie Gaugain estime en conclusion que malgré ces obstacles, « le sursaut européen est néanmoins en train d’avoir lieu ». 

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