Dans le cadre de ses programmes de rachat d’actifs, dits quantitative easing, la Banque centrale européenne est devenue détentrice de près de 1 800 lignes d’obligations émises par des entreprises non financières. Sous l’effet de la dégradation de la conjoncture, certaines d’entre elles se retrouvent aujourd’hui en difficulté, voire dans l’obligation de restructurer leur endettement, à l’image d’Atos.
Après plusieurs rebondissements, la restructuration financière d’Atos est en passe de connaître son épilogue. Lesté d’une dette de près de 5 milliards d’euros et en grandes difficultés – en termes financiers et de gouvernance –, le spécialiste des services informatiques (10,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023) avait été contraint d’engager une procédure de restructuration au cours du premier trimestre. Selon un communiqué publié par le groupe le 30 juin, celle-ci devrait déboucher finalement sur un lender led, c’est-à-dire une prise de contrôle par les créanciers. Au-delà du fait qu’un tel dénouement soit rare pour un groupe coté de cette taille, ce dossier aura été marqué par une autre spécificité : la présence, parmi ses prêteurs, de… l’Eurosystème (Banque centrale européenne et banques centrales nationales). Du jamais vu !
Près de 460 lignes d’émetteurs français
Cette situation résulte de la politique d’assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE) mise en œuvre par la BCE entre 2015 et 2022 afin, dans un premier temps, de lutter contre le risque de déflation, puis, dans un second temps, de soutenir l’économie européenne. Pour ce faire, l’institution de Francfort avait lancé en mars 2015 un programme de rachats d’actifs, dit Asset Purchase Programme (APP), dans le cadre duquel elle a progressivement acquis des titres émis par des banques (Asset-backed Securities Purchase Programme et Covered Bond Purchase Programme 3), par des acteurs publics dont des Etats (Public Sector Purchase Programme)...