Alors que la situation financière de nombreuses entreprises s’est dégradée avec la crise, un nombre croissant d’entre elles ont choisi de rendre leurs comptes confidentiels, voire de ne pas les publier. De quoi compliquer la tâche de leurs partenaires commerciaux en matière de gestion des risques.
Pour vivre heureux, vivons cachés : tel semble être l’adage d’un nombre croissant d’entreprises en cette période de crise. Alors qu’en 2018, 53 % des sociétés publiant leurs comptes avaient choisi de les rendre confidentiels, elles sont 63 % à avoir pris cette décision en 2020, selon Infolegale.
Cette hausse s’explique par deux facteurs principaux. D’une part, la réglementation favorise de plus en plus cette pratique. Bien que celle-ci ne reste autorisée que pour les petites sociétés, la loi Hamon de 2014, la loi Macron de 2015 puis la loi Pacte de 2019 ont successivement élargi le spectre d’entreprises éligibles (voir tableau). D’autre part, les commissaires aux comptes incitent de plus en plus leurs clients à rendre leurs comptes confidentiels. «Parfois, ils demandent même au greffe d’opter pour cette option, sans même en avertir les entreprises concernées», relève Frédéric Julien, président d’Infolegale.
Néanmoins, cette confidentialité n’empêche pas les fournisseurs d’avoir accès à certaines données financières de leurs clients. Plusieurs sociétés de renseignements financiers, comme Creditsafe ou Infolegale, sont en effet habilitées à fournir ces informations. «Nous ne pouvons pas diffuser de données brutes telles que le chiffre d’affaires ou le résultat net, souligne Frédéric Julien. Cependant, comme nous avons accès aux comptes de ces sociétés, nous pouvons analyser leur contenu, en évaluant par exemple leur performance et leur solvabilité. Chaque entreprise peut ensuite...